TGV pour Paris supprimés : la Direction de la SNCF bloque-t-elle délibérément les manifestants ?

Publié le par Bernard Aubin

 

S’il y avait une manifestation cheminote à ne pas manquer, c’était bien celle-là. Les syndicats n’ont pas eu à faire d’effort, à se livrer une quelconque explication de texte, à inonder les salariés de milliers de tracts ou même à s’unir pour mobiliser fonctionnaires et cheminots. Le attaques récurrentes du Gouvernement à l’égard des services publics, le dénigrement répétitif des personnels concernés, étendu entre-temps aux retraités et demandeurs d’emplois, ont suffi à mettre le feu aux poudres.

 

Problème : la colère des cheminots est telle que ce qui devait relever d’une « grève technique » s’est transformé en la première étape d’une riposte bien compréhensible : depuis des décennies, aucun Gouvernement n'avait adopté une attitude aussi méprisante que méprisable vis-à-vis d'une catégorie de la population. Affirmer que la première mesure à prendre, face aux dysfonctionnements de la SNCF, était de supprimer le Statut de son personnel, est insoutenable. D'autant plus que ce dernier s’investit tous les jours pour minimiser les conséquences du désintérêt des Gouvernements successifs qui impactent au quotidien l'efficacité du système ferroviaire.

 

Conséquence : dans le cadre du service « garanti », la SNCF met en place un plan de transport réduit, tenant compte des effectifs à disposition. Sauf que si le nombre de cheminots grévistes augmente, le nombre de trains assurés diminue…  Au point de se trouver dans la situation de l’arroseur arrosé… L’on pourrait presque se réjouir de la mobilisation quasi-spontanée des agents de la SNCF si elle n’impactait pas directement les conditions d’acheminement des manifestants vers Paris…

 

Certains syndicats livrent une autre hypothèse : la SNCF supprimerait en priorité  les trains des manifestants… Un procès d’intention fait à l’Entreprise sur arrière-plan de guerre ouverte entre le syndicat majoritaire, accusé de désorganiser la SNCF, et la Direction, à la solde du Gouvernement ? Techniquement, la garantie de service implique 100 % des circulations programmées le jour de la grève… quitte à laisser tomber les autres trains. Même s’ils disposent du personnel nécessaire à les assurer. Ajoutons que des TGV non-programmés la veille circuleraient sans doute presque à vide, dans la mesure où les clients n'ont pas été avisés  de leur mise en marche. L'explication technique tient la route.

 

Mais en y regardant de plus près, l'on s’aperçoit que nombre de trains circulant dans des horaires et sur des itinéraires permettant aux manifestants de regagner Paris ont été supprimés… Un « concours de circonstances » qui interpelle, dans la mesure où la responsabilité de supprimer tel ou tel circulation relève bien le la SNCF ! L'Entreprise ferait-elle pour bloquer les manifestants provinciaux  ? Autre point qui attire la suspicion, c’est que depuis plusieurs conflits, la SNCF se refuse catégoriquement à communiquer le taux de grévistes. Cela relève désormais du secret d’Etat. Une position qui, selon la situation, favorise ou non les intérêts de l’entreprise... et pourrait nous éclairer sur la situation actuelle.

 

Ce qui est indéniable, aujourd’hui, c’est que la mobilisation du terrain dépasse largement le seuil des « grèves techniques » habituelles. Ce pour les raisons préalablement évoquées. En quelles proportions ? Mystère pour l’instant, ou à jamais. Et dans le doute, il n’est pas déraisonnable de penser qu’effectivement, la SNCF a opté pour la grève… de la manifestation !

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