SNCF : 35,4 % de grévistes. Comment le Gouvernement tentera de désamorcer le conflit

Publié le par Bernard Aubin

 

Il est coutume de considérer, à la SNCF, qu’une grève est «réussie » lorsque le nombre de cheminots ayant cessé le travail atteint 30 %. Non seulement ce seuil est dépassé, mais, faut-il le rappeler, le préavis déposé aujourd’hui n’avait pour finalité que de permettre aux manifestants potentiels de rejoindre les défilés. Totalisés sur l’ensemble du territoire national, le nombre de manifestant avoisinerait les 500 000 selon un syndicat et 5 selon la police… Enfin presque. Quel que soit le chiffre, la mobilisation était au rendez-vous, témoignant d’un ras-le-bol général contre la stigmatisation récurrente menée à l'encontre du secteur public et les reculs sociaux qui se profilent.

 

Inutile de croire ou d’espérer que le Gouvernement reviendra sur les grandes lignes de la réforme de la SNCF. Pour des raisons d’orgueil, pour satisfaire des enjeux financiers (les opérateurs privés souhaitent bénéficier le plus rapidement possible la manne des 3 milliards d’euros annuels consacrée aux TER et autres Franciliens) et pour des motifs stratégiques : le dernier bastion social doit être impérativement brisé. Cette réforme doit servir de tremplin à d’autres reculs sociaux qui impacteront cette fois l’ensemble des citoyens (relire ma synthèse des objectifs réels de la réforme ICI). Pour autant, le Gouvernement pourrait lâcher très tôt les quelques miettes qui serviront d’alibi aux syndicats d’accompagnement. Des organisations, embourbées dans un mouvement dont elles espèrent pouvoir s'extirper au plus vite.

 

Plusieurs indices permettent d’entrevoir la nature de la perche qui leur sera lancée. A commencer par la position exprimée par le responsable d’un syndicat d’accompagnement, bien avant le lancement de la réforme, sur une grande chaîne de télé. Lui ne réclamait aucunement le maintien des acquis ou la préservation du système ferroviaire, mais seulement des garanties en faveur des cheminots qui, en cas de perte d’appel d’offre par la SNCF, seraient mutés chez des opérateurs privés… Des garanties ? La seule qui vaille, c'est de rester à la SNCF. Au pire, d'en être détaché. Le Gouvernement pourrait d'ailleurs lui en souffler l’idée ! Autre indice, la position d’Elisabeth Borne sur les « freins » que causerait le Statut dans la reconnaissance de l’expérience professionnelle d’un candidat cheminot…

 

Mis bouts à bouts, les éléments commencent à s’assembler… Le Gouvernement va lâcher quelques miettes aux syndicats d’accompagnement qui, comme en 2014, abandonneront rapidement l Ils se targueront, le moment venu, d'avoir obtenu des avancées pour les nouveaux embauchés privés de Statut et en faveur des agents transférés au privé.  Brillantes avancées sociales à venir !

Que du Statut il ne restera au final que la statue importe peu, que le réseau soit amputé du tiers de ses lignes pas plus. Seule ombre à cette stratégie, une grogne qui s’est étendue de l’exécution à l'encadrement supérieur. Ainsi que la mobilisation des cheminots du terrain, très remontés, et peu amateurs d’esbroufe. L’unité syndicale n’existe plus depuis 10 ans à la SNCF. Le rapprochement des 4 est fragile et éphémère... Mais, au regard de la mobilisation d'aujourd'hui, les cheminots ont démontré qu'ils sont, eux, en mesure de se rassembler pour gagner. Avec ou sans le soutien de certains.

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