Borne/Berger : et si la réforme des retraites, c’était déjà « plié » ?

Publié le par Bernard Aubin


Selon son Secrétaire Général, la CFDT se mobilisera en cas de relèvement à 64 ou 65 ans de l'âge légal de départ à la retraite. Au point même d’annoncer la possibilité de rapprochement avec les autres organisations syndicales. « Le cas échéant », tempère-t-il dès à présent.

Assisterait-on à la renaissance d’un front syndical uni contre « le système le plus injuste » ainsi décrié par Laurent Berger ? Un rêve pour certains, un cauchemar pour le Gouvernement qui tente de déminer un champ social de plus en plus agité.

Si l’hypothèse d’un retour à l’union syndicale ne peut pas être écartée, certains éléments de la récente intervention du chef de la CFDT laisse supposer le contraire. La lecture entre les lignes des récentes interventions de Laurent Berger fait d'ores et déjà apparaître quelques issues de secours définies par la centrale pour sortir du conflit avant d’y entrer.

La stratégie est connue, car maintes fois mise en œuvre par ce syndicat d'accompagnement : on bombe le torse, on menace, parfois on s’autorise une manifestation « unitaire » voire même un jour de grève… Mais on accepte finalement l’inacceptable au prix de quelques « avancées » mineures, brandies comme les fruits d'"âpres négociations".

64 ans, c’est « inacceptable pour nous » déclare Laurent Berger. Peut-être suffirait-il de d’assouplir le calendrier de mise en œuvre des nouvelles règles ou de soumettre la réforme à des clauses de revoyure intermédiaires... pour faire passer la pilule ?

Le syndicaliste cite comme première « erreur », le fait que le Gouvernement et le président de la République aient déclaré que « le système est menacé dans son existence ». Il souhaite travailler à l’équilibre des régimes. Pour ce qui est de la sémantique du Nouvel An, passons. Et pour le reste, le Gouvernement dira banco… sans entrevoir d’autres sources de financement que celles dégagées par les cotisations, bien sûr.

Lorsque Laurent Berger affirme que « cette réforme va être finalement une taxe sur le travail des travailleurs les plus modestes, ceux qui ont commencé à travailler tôt sur des métiers pénibles », il enfonce une porte déjà ouverte par le Gouvernement.

La reconnaissance des métiers pénibles serait effectivement une bonne chose, que certains mettront au solde des négociations. Sauf si cette « avancée » est la contrepartie d’un recul infligé à tous les autres salariés !

Seule une forte mobilisation pourrait inciter les syndicats d’accompagnement à dépasser le stade de la figuration pour rejoindre le clan de l’action, sauf à prendre le risque que la situation leur échappe au profit de collectifs. A voir le moment venu.

Toutes les options sont possibles. De la réforme qui aboutit sans trop de heurts, assorties de quelques jours de grève, … à un chaos généralisé qui échapperait à tout contrôle.

Macon joue avec le feu. D’autres pourraient bien aussi s’y brûler les doigts.

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