Procès de la catastrophe de Brétigny, c'est mal parti !

Publié le par Bernard Aubin

 

Le procès qui s'est ouvert hier devrait, en principe, permettre d'établir les responsabilités dans l'accident qui en 2013 fit 7 morts et des centaines de blessés. Et cela semble mal parti !
 
Si la SNCF et quelques-uns de ses agents figurent dans les rangs des accusés, dont un Dirigeant de Proximité qui avait 24 ans à l'époque et croulait sous les tâches, il reste un grand absent parmi les mis en cause : l'Etat.
 
Et pourtant, c'est bien l'Etat qui est le premier responsable de cet accident :
 
  • l'Etat est le responsable de l'organisation du système ferroviaire français, une véritable usine à gaz dont l'organisation de l'époque était complexe, manquait de réactivité, et était inadaptée aux exigences réelles de l'exploitation ferroviaire.
  • l'Etat était le responsable de la dégradation et de la vétusté du réseau ferroviaire : les crédits accordés pour la maintenance et la régénération du réseau avaient subi de fortes baisses depuis le début des années 2000. Les conséquences de ces restrictions étaient prévisibles. Au fil du temps, les besoins avaient été "adaptés" aux moyens, et non l'inverse.
  • l'Etat ne pouvait ignorer la situation calamiteuse du réseau : deux audits avaient été menés par des experts indépendants, en 2005 puis en 2012 (un an avant l'accident). Ces rapports publics pointaient la nécessité d'investir rapidement et massivement dans la remise à niveau du réseau. Les suites données avaient été insuffisantes.
  • l'Etat exige des dirigeants qu'ils nomment (à l'époque SNCF et RFF) plus qu'un devoir de réserve. Figure dans leurs missions l'obligation  de masquer à l'opinion les problèmes rencontrés par les entreprises publiques... que cela concerne la qualité de service  ou, en l'occurrence, l'état du réseau (malgré les contraintes financières insurmontables imposées).
  • L'Etat, seul "actionnaire" de la SNCF, valide de fait les politiques de réductions d'effectifs qui, année après année, privent l'entreprise publique des moyens indispensables à un fonctionnement efficace.
 
Et l'Etat semble aujourd'hui écarté de toutes responsabilités... sans que cela n'émeuve grand monde.
Marcherait-on sur la tête ?

A lire ou à relire : Brétigny, un accident imprévisible mais probable

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article