Grève du 5 décembre : le Gouvernement mobilise les cheminots

Publié le par Bernard Aubin

 

Une fois n'est pas coutume. Ils furent en retrait lors lorsque la grève RATP fit le plein. Leur porte-monnaie portait encore les stigmates de plus de 30 jours de grève contre une réforme infligée avec mépris et arrogance. Il a suffit d'un accident à un passage à niveau pour remettre le feu aux poudres et réveiller leurs ardeurs. Certes, la sécurité des usagers et du personnel était la cause première de leur émoi. Leurs signaux d'alarme,  lancés comme autant de bouteilles à la mer, étaient restés des années durant lettres mortes. Pour autant l'ampleur, la spontanéité, et la forme de cette mobilisation demeurent inédites aux regard des enjeux affichés, si importants soient-ils. Le malaise qui s'est installé lors de la réforme de la SNCF demeure bien présent. Il s'est même accentué. Les nouveaux reculs sociaux qui s'annoncent n'arrangent pas les chose.

 

Si le mouvement des Gilets Jaunes s'est quelque peu estompé ces dernier temps, lui aussi avait de quoi surprendre par son originalité, son étendue, sa durée, son impact bien réel quoique fugitif, et les dégâts collatéraux qu'il a occasionné. Preuve qu'en France, le ras le bol existe et persiste. Notamment par ce que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvre. Régulièrement arrosé de quelques provocations puériles, le cocktail avait fini par exploser. Hélas, loin d'en tirer leçon, nos dirigeants politiques ont rapidement renoué avec l'arrogance, l’inconscience et la brutalité qui constituent l'ADN de leur mandat.

 

Face a la grogne qui atteint des sommets à la SNCF, il était urgent de bien faire. Face aux mouvements qui se préparent à l'échelle du pays, il était indispensable de privilégier les concertations à l'affrontement systématique. Dans un contexte de tensions sociales sans précédents, le bon sens élémentaire exigeait a minima de ne pas jeter de l'huile sur les braises. Gouvernement et dirigeants de la SNCF ont délibérément choisi une voie diamétralement opposée. Qualifier les droits d'alerte des cheminots de "grève illégale", de "grève sans préavis", menacer le personnel de sanctions figuraient en tête des erreurs à éviter à tout prix.

 

Inconscience, arrogance, recherche délibérée d'une explosion sociale ? L'avertissement des Gilets Jaunes n'a-t-il pas suffit ? La colère des urgentises, avocats, pompiers, policiers, professeurs, agriculteurs, salariés de tous bords,... pensionnés et autres exclus n'est-elle pas palpable ? A quoi bon y ajouter de nouvelles provocations ? Sauf à croire que ce Gouvernement cherche délibérément à mobiliser le maximum de mécontents lors l'action interprofessionnelle programmée le 5 décembre et dont nul ne connaît l'issue.

A lire, l'article de Libé mettant en garde contre des sanctions éventuelles : ICI

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