Macron sur un trône explosif

Publié le par Bernard Aubin

 

Les réformes ? Elles devraient passer comme une lettre à la poste… Macron avait tout anticipé. Pour déminer le terrain, il s’était attaqué en priorité au dernier bastion social français : les cheminots. Malgré plus de 30 journées de grève, il n’avait rien lâché. Exit le Statut des employés, l’unicité de l’Entreprise, les notions de service public… Quelques mois ont suffi pour balayer 80 années d’évolutions ferroviaires et sociales. Le tout sans même passer un coup de fil aux responsables des syndicats d’accompagnement. Superflus, selon lui. Autant attaquer les salariés de front, laisser les voyageurs à quai, en assumer les conséquences. La victoire n’en serait que plus belle. Ainsi la voie devenait libre pour mener les pires réformes, instaurer tous les reculs sociaux…

 

La voie était libre ? Ou semblait l’être… Depuis des années, l’Homme a pris pour habitude de défier la Nature. Une arrogance que nous risquons de payer cher. Le plus fort finit toujours par prendre le dessus. Ce n'est qu'une question de temps... et ce n’est pas nous. Notre mépris de certaines lois élémentaires nous vaut aujourd’hui les premiers avertissements. Pire peut-être. Une que la machine infernale que nous avons nous-mêmes enfantée sera lancée contre nous, nous ne ferons pas le poids. Sur le plan social, les lois sont rigoureusement identiques. Il est toujours possible de défier l’Histoire, les règles, les gens,… mais à dose homéopathique. Car quand bien même certains bastions seraient fragilisés, d’autres reprendront le flambeau. Le gouvernement est le premier à entretenir le feu. Fait nouveau : la stratégie du Gouvernement a déporté l'incendie sur un terrain inhabituel, peu connu des pompiers. En cas d’embrasement général, le feu sera d’autant plus difficile à maîtriser. C'est le risque à assumer lorsque l'on joue aux apprentis sorciers.

 

La multiplication des ouragans, des tornades et autres dérèglements météorologiques est la conséquence directe du défi lancé par l'Homme à la Nature. Sur le plan social, les provocations récurrentes de Macron et leurs effets sont du même tonneau. Le mouvement des Gilets Jaunes en est la meilleure illustration. Véritable réaction épidermique et spontanée de français de les tous horizons, ce mouvement ne connaît pas de précédent. Au point même de faire disparaître  temporairement des radars Jupiter, selon lui-même, ou Attila, selon d’autres. « Aujourd’hui, les gens veulent voir votre tête au bout d’une pique » lâchait l’un des Maires appelés à la rescousse par le Président en plein cauchemar jaune. Des élus de terrains qu'il avait jusque là royalement ignorés. A ce stade, ce n’était plus de la grogne, mais une haine viscérale qui s’exprimait. Des paroles libératrices firent suite à des mois de provocations. Autre "nouveauté", le saccage de permanences des députés « Marcheurs ». Signe que le mépris appelle le mépris, et que des actes condamnables succèdent désormais aux comportement outranciers. Jouer avec le feu, ça peut brûler.

 

Il est dangereux de s'attaquer aux racines mêmes du pays, surtout via des réformes pétries de mauvaises intentions. Le Gouvernement prend enfin conscience du danger et commence tout juste à lever le pied… Trop tard, comme pour le réchauffement climatique ? Une réaction en chaîne n'est pas improbable. La grogne s’est enracinée, presque partout. Depuis mars, le malaise s’est ancré aux urgences. La réaffectation de certains fonds et la  création d’un bidule d’orientation des malades ne répondent pas aux attentes. Très récemment, la grève de la RATP a fait le plein sur les routes... et le vide sur les lignes de métro. Les fonctionnaires, désignés comme les bêtes noires par de nombreux Gouvernement, restent dans le collimateur. Leur ras-le-bol ne cesse de croître. Parmi eux, des policiers surmenés, des pompiers caillassés, du personnel médical à bout de souffle, des professeurs "stylos rouges" remontés, des employés sous pression… Les cheminots sont en embuscade. Une nouvelle augmentation des carburants se profile. La réforme des retraites pourrait bien catalyser la grogne qui monte de toutes parts, y compris du côté des plus modestes, ceux dont on ne parle jamais, et qui à leur tour pourraient se réveiller. De leur côtés, les casseurs n'attendent que ça.

 

Un embrasement est d’autant plus dangereux que les matières inflammables se sont empilées depuis des mois. Autre facteur inquiétant : à force de renier tour à tour tout ses repères, de ne plus être respectés et de ne plus rien respecter, notre pays s'est transformé en un grand château de cartes… Il y a presque autant de Frances que de Français. Le ciment qui nous unit est fragile. Les débats futures réflexions sur la PMA qui ne manqueront pas de déchaîner les passions et d'exacerber les tensions. Il y a profusion de sujets comparables qui, s’ils étaient mis sur le tapis, alimenteraient  l’agitation. Souhaitant sans doute allumer un contre-feu face à la grogne contre sa réforme des retraites, Macron lance un nouveau front, celui de l’immigration. Un exercice périlleux car qui dit immigration dit intégration, qui dit intégration dit étrangers, communautarismes, islamisme… Autant de sujets extrêmement délicats et clivants qui diviseront plus qu’ils ne rassembleront. Est-ce vraiment le bon moment ?

 

La vie sur Terre repose sur des équilibres fragiles qui doivent être respectés… sous peine d’être confronté à une cinglante revanche de la nature. Une société repose sur les mêmes règles. Il est possible de l’aménager, de la faire progresser… Mais attaquer à la pelle mécanique une maison déjà fragile, ruiner ses fondations sous prétexte de la moderniser, c’est courir droit au désastre. Un seul point semble aujourd’hui rassembler une majorité français : tous ont compris que la énième réforme des retraites envisagée par ce Gouvernement et ses complices les placeraient sur un pied d’égalité : tous seraient perdants. Si un conflit venait à se généraliser, c’est la société toute entière qui pourrait exploser. Macron s'est assis sur sa propre poudrière… Le problème, c'est que nous y sommes aussi !

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