Carte Famille Nombreuse SNCF un goût de déjà vu

Publié le par Bernard Aubin

Souvenez-vous. Nous sommes en 2005. Excédé par l’Etat qui, comme à son habitude, refuse de prendre en charge ce qui relève de sa compétence, en l’occurrence le financement du déficit des trains Corail interrégionaux, Louis Gallois tape du poing sur la table.

Et comme ses appels aux Gouvernement sont restés sans échos, l’ex-Président de la SNCF décide de supprimer purement et simplement les liaisons Corail déficitaires. Motif à moitié avoué : il n’appartient pas à la SNCF de financer sur ses deniers l’aménagement ou la desserte du territoire français.

Et il avait d’autant plus raison que l’Etat impose à la SNCF d’équilibrer ses comptes, d’être une entreprise performante… En conséquence de quoi les bénéfices de la SNCF, du TGV pour parler clair, ne doivent pas servir d’alibi à un Etat toujours prompt à se désengager de ses obligations de service public.

Revenons-en à la carte famille nombreuse. Dans un premier temps, le Gouvernement annonce qu’il n’assurera plus la compensation des tarifs sociaux à la SNCF. Ces tarifs non-commerciaux étant imposés par la loi, il est pourtant logique qu’ils fassent l’objet d’une contrepartie financière.

Rien à battre, répond l’Etat. La SNCF, surprise, balbutie dans l’urgence qu’elle étudiera une offre commerciale. Heureusement, des associations de défense des familles, des syndicats et des partis politiques montent au créneau pour défendre cet acquis social.

Devant ce tollé, Sarkozy annonce le maintien, voire même l’extension de cette carte à un public plus large. Tout comme Perben en 2005. L’ancien Ministre des Transports avait purement et simplement interdit à la SNCF de supprimer les liaisons déficitaires, ou imposait à l’entreprise publique de prendre à sa charge les trains régionaux de substitution.

Dans les deux cas, aux yeux du grand public et d’une frange de la presse peu regardante, les politiques ont donné l’impression de sauver les citoyens d’une menace… dont ils sont eux-mêmes l’auteur. Et tout cela aux frais de la SNCF et de son personnel.

Non, l’Etat continuera bien à financer la carte famille nombreuse… Mais avec l’argent de la SNCF. Les dividendes que l’entreprise versera à l’Etat dans le cadre des bénéfices qu’elle affiche ostensiblement intégreront cette nouvelle ponction.

Pendant ce temps, l’endettement du système ferroviaire s’accroit, comme le souligne la Cour des Comptes… qui épingle l’Etat et son indifférence...

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