Projet de relation ferroviaire SAR-LOR-LUX via Bouzonville, la Région lance une étude : les contents et les cocus

Publié le par Bernard Aubin

En 1998, je lançais l'idée de créer une relation ferroviaire SAR-LOR-LUX via  Dillingen et Bouzonville pour "sauver" cette petite gare de la fermeture. Ci-dessous un extrait de l'étude menée à l'époque, avec les chiffres de l'époque... L'idée fut soutenue par plusieurs maires successifs de Bouzonville et par les élus locaux des villes situées sur l'axe Dillingen-Bouzonville.

L’idée de créer une relation ferroviaire SAR-LOR-LUX via Bouzonville et Thionville remonte à 25 ans. Il s’agissait, à l’époque de « sauver » la gare de Bouzonville de la fermeture en lui offrant une nouvelle destinée. En l’occurrence y faire circuler un train de Voyageurs en provenance de Sarrebrück et à destination de Luxembourg, empruntant la petite ligne entre Dillingen et Bouzonville. Cette voie unique n’est plus desservie qu’une fois l’an, côté français, à l’occasion de la circulation du Train du Vendredi Saint mis sur pied, entre autres, pour braquer les regards sur le projet. Le reste de l'itinéraire est électrifié et utilisé par des trains de fret.

Les élus allemands reçus par le Maire de Bouzonville à la descente du "train du vendredi saint" le 29 mars 2024. Futurs dindons de la farce ?

La Région Grand-Est, autorité organisatrice des TER, fut la seule institution française à s’opposer  fermement à ce projet. Bien avant elle, la Région Lorraine avait fait de même, allant jusqu’à supprimer les trains de Voyageurs « provisoirement par manque de conducteurs » en 2016. Du provisoire qui devint définitif. Retournement de situation : Grand-Est vient récemment d’annoncer le lancement d’une étude sur SAR LOR LUX qui fera sans doute bondir les défenseurs historiques du projet, mobilisés depuis un quart de siècle. En effet, l’itinéraire envisagé écarte le trajet entre Dillingen et BouzonvilleEt ne permettra pas la réactivation de cette petite gare, qu’espérait également l'entrepreneur allemand Jörg Michael Fries, patron de la société sarroise Bahnlog. Celui-ci souhaite, depuis des années, y implanter une plateforme logistique fret pour y recevoir, entre autres, des conteneurs en provenance de Rotterdam.

Seront sans doute satisfaits les maires des villes desservis par l’itinéraire envisagé, notamment Hargarten, Creutzwald…  et le reste de la ligne entre Bouzonville et Thionville, dont Kédange et Yutz, dernière partie de la voie  pour laquelle l’itinéraire de provenance du train importe peu. Seront sans doute irrités d’avoir été cocufiés et trahis les élus allemands des villes situées sur la voie unique, qui avec le soutien de trois maires de Bouzonville successifs, avaient durant 25 ans mouillé leur chemise pour défendre une relation… dont ils ne bénéficieront pas comme attendu.

Rappelons que Patrick Weiten était venu, en personne et devant un parterre d’une centaine de personnes, défendre la relation ferroviaire SAR LOR LUX via Bouzonville et Thionville. Ce 28 novembre 2019, le Président du Conseil Départemental de Moselle s’était même engagé, devant les décideurs de Dillingen et environs, à obtenir de l’Etat les fonds nécessaires pour remettre à niveau la petite voie unique : "« Ce projet est absolument essentiel pour les territoires. C’est une nécessité pour désenclaver Bouzonville. Cette relation est indispensable au sein de la Grande Région". Propos qui lui avaient valu un tonnerre d’applaudissements. Sauf que par la suite, dans les interventions à venir, il fit la promotion de l’itinéraire via Béning et Creutzwald… Allez comprendre ! Quant à l'étude qu'il avait promis de diligenter sur la question, personne n'en a trouvé trace.

Doit-on s’opposer, par principe, au nom de la parole donnée et de l’investissement historique de ceux qui ont fait émerger ce projet de relation SAR LOR LUX via Bouzonville, au trajet qui doit faire l’objet de l’étude ? Que nenni ! Pour une raison simple : cet itinéraire avait lui-même été évoqué par ceux-ci dans le cadre des quatre hypothèses présentées en 1998. Mais il était question, à l’époque, de donner correspondance à Bouzonville aux trains en provenance de Dillingen, permettant ainsi l’irrigation globale de toute la zone frontalière. Des trains qui existent déjà, mais qui s’arrêtent à la frontière, située à 7 km de Bouzonville.

Extrait de l'étude publiée en 1998

Pour 96 000 euros, espérons que l’étude lancée par Grand Est n’écartera pas les initiateurs historiques de la relation SAR LOR LUX via Bouzonville sans lesquels le projet, vieux d'un quart de siècle, n'aurait sans doute même jamais été évoqué !

A lire aussi, sur le site virgule.lu, comme son prédécesseur, le nouveau ministre des Transports luxembourgeois manifeste son opposition au projet de relation SAR LOR LUX via Bouzonville et Thionville.

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