Retraites : le temps n’a jamais été à la négociation… et maintenant, que fait-on ?

Publié le par Bernard Aubin

Retraites : il n’y a jamais eu la moindre négociation

« Le report de l’âge de départ à 64 ans « n’est plus négociable », martelait récemment Élisabeth Borne. Mais négocier, c’est quoi ? Le Larousse en donne la définition suivante : « Discussions, pourparlers entre des personnes, des partenaires sociaux, des représentants qualifiés d'États menés en vue d'aboutir à un accord sur les problèmes ». « En vue d’obtenir à un accord » nous précise le dictionnaire. Or, en imposant aux partenaires sociaux, avant même les premières rencontres, le postulat selon lequel l'avenir des retraites ne pouvait reposer que sur le recul de l’âge d’ouverture des droits, à l’exclusion de toute autre perspective, aucun accord ne pouvait être entrevu. Il n’y a donc jamais eu la moindre « négociation » mais de simples rencontres ou échanges portant sur l’éventuelle mise en œuvre d’un projet contesté. La stratégie déployée par le Gouvernement est la copie conforme de celle déclinée en 2018 pour réformer la SNCF. Pour l’instant, elle suit point par point celle décrite dans mon article rédigé en octobre 2022. Tout juste Elisabeth Borne a-t-elle pris un peu d’avance en appelant un peu tôt les syndicats à la responsabilité.

Macron affiche sa désinvolture, les syndicats restent prudents

Après les arrêts de travail et les manifestations monstres du 19 janvier, la position du Gouvernement n’a pas évoluée d’un iota. Emmanuel Macron s’autorisait même un brin de désinvolture presque méprisante en se rendant avec 11 Ministres à Barcelone pour « parler de l’amitié franco-espagnole ». Une attitude similaire à celle employée lors des grèves de la SNCF. Le Chef de l’Etat, élu à seulement 38,52 % des voix, confie une nouvelle fois à son Gouvernement les basses œuvres, tentant au passage de convaincre les Français qu’ils avaient voté en faveur de sa réforme. De leurs côtés, les syndicats ont adopté une posture de prudence, avant même le succès de la première manifestation. Et ils ont raison, car il n’y aurait pas pire qu’une démonstration de force se transforme en démonstration de faiblesse. De plus, leur union est fragile. Parce qu’ils ne partagent pas les mêmes idées sur les perspectives de réforme mais aussi parce que les « bastions sociaux » et les représentants du personnel ont délibérément été pilonnés sous Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Les deux Présidents partageaient le même but : vaincre à l'avance les résistances aux diverses évolutions ou reculs sociaux qu'ils souhaitaient imposer. Mais avec le risque énorme d’éliminer au passage interlocuteurs et « pompiers sociaux » au profit de mouvements incontrôlés et incontrôlables.

Le sort de la réforme des retraites est dans les mains du peuple

Les prochaines grèves sont programmées, notamment à la SNCF, les 7 et 8 février. Mais pas par tous les syndicats. Même si les préavis ont été déposés pour ces dates, il est vraisemblable que l’appel formel ne sera réalisé qu’après le bilan tiré de la journée d’action du 31 janvier. Se posera alors la question de la mobilisation sur le moyen ou long terme du secteur privé, la grève par procuration ayant ses limites. De même, il s’agira d’observer la forme que prendront les conflits, voire les éventuels dérapages qui pourront émailler les manifestations. La France est une poudrière sociale sur laquelle le Gouvernement agite le feu. Cet aspect risque d’être LE point déterminant dans le bras de fer qui oppose un Gouvernement à plus de 70 % des Français. Les ingrédients d'un cocktail explosif sont réunis, mais cela ne préjuge en rien de la tournure que prendront les événements.

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