Pénurie d’essence : peut-on réellement négocier en France ?
/image%2F1793711%2F20221011%2Fob_bae725_manifestants-drapeaux.png)
Le manque de carburant touche désormais les fonctions vitales de notre pays : personnels médicaux, transports publics, alimentation et bien sûr travail au quotidien. En cause, un conflit qui oppose des personnels de raffineries aux sociétés qui les emploient, ou plus précisément la toute puissante CGT à Total.
Ironie du sort, c’est Madame Borne, Chef du Gouvernement, qui appelle les parties à la raison. C’était pourtant la même, alors Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, qui mena de main de fer la réforme de la SNCF, refusant la moindre concession aux cheminots... au prix de plusieurs semaines de grève. Et ce sera peut-être elle qui, forte de son expérience, présidera aux « négociations » sur la réforme des retraites. D'une manière aussi sourde et brutale !?
Que dire du comportement de la CGT ? Que ce syndicat estampillé « révolutionnaire », en constante perte de vitesse, joue aussi son avenir face à la montée des syndicats d’accompagnement, souvent faussement qualifiés de « réformistes » ? Qu’une nouvelle fois elle bloque le pays ? C’est effectivement une évidence, hier sur le rail, aujourd'hui sur la route.
Peut-être. Mais cela renvoie à une autre question : la négociation hors conflit est-elle vraiment possible en France ? Une chose est sure, c’est que la grève à la japonaise, bandeau sur le bras à son poste de travail, ça ne marchera jamais. Le constat est cinglant et amère : dans la plupart des cas, en France, seul le rapport de force peut permettre de maintenir ou de conquérir des avancées sociales. C’est un fait historique.
Jeter un regard sur nos voisins d’outre-Rhin nous livre un éclairage particulièrement intéressant sur la question. En Allemagne, les syndicats sont redoutés et redoutables. Leur puissance leur confère une véritable force dissuasive, un peu comme une bombe nucléaire qui calmerait les ardeurs des « ennemis » potentiels. Autre différence : chez nos voisins, le culte de la négociation est dans l'ADN des partenaires sociaux.
De l’autre côté du Rhin on se veut avant tout pragmatique, mais aussi très respectueux des accords signés. La recherche du gagnant-gagnant est privilégiée au culte de la conflictualité. Les grèves sont rares, et chacun s'y retrouve.
Total a enregistré des bénéfices record dont les actionnaires ont largement bénéficié. Est-il concevable que les salariés soient contraints de réclamer leur part du gâteau par la grève ? Visiblement oui, car la France reste la France, avec cette culture PARTAGEE du conflit. Et ce n'est pas près de changer.