Macron contraint à la démission ?

Avant les manifestations des Gilets Jaunes, il se croyait invulnérable. Après, il persiste et signe. Inconscience, suicide politique, ou tout simplement volonté de jouer son mandat à quitte ou double ? L’Histoire nous répondra bientôt. En septembre 2007, le Président de la République dénonçait la situation des régimes spéciaux : « Je vais changer cette situation parce qu'elle est indigne », clamait Nicolas Sarkozy haut et fort. Chacun avait compris que cette attaque ne visait pas les régimes en tant que tels mais plus spécifiquement certains bénéficiaires : les cheminots. L' opération, dont le but était de dresser la population contre le secteur public, fur un succès. Les cheminots en portent encore les stigmates aujourd'hui : "nantis, privilégiés",... Tout vient de là !
Emmanuel Macron remet le même couvert 12 ans après. Selon lui, la réforme des retraites, ou plutôt l’évolution du calcul des pensions qu'il souhaite mettre en oeuvre, est « indispensable » . Réforme qui reposerait sur le triptyque de l' «universalité», l'«équité» (lire ICI le post sur l’équité) et la «responsabilité». Quels sont de nouveau les « méchants » selon Macron ? Les futurs grévistes ceux «qui défendent le maintien des régimes spéciaux», bien entendu. Ceux qui défendront légitimement leurs acquis (à ne pas confondre avec « avantages ») figureront bien évidemment en bonne place dans les cortèges. Sauf que le contexte social actuel n’est plus du tout le même qu’en 2007. Ce qui, à l’époque, a contribué à fragiliser le front contre la réforme aura aujourd’hui un effet diamétralement opposé. Dans le secteur privé, les tensions sont à leur comble. Et provoquer encore un peu plus le secteur public dans ces conditions, notamment les cheminots, relève a minima de la fausse bonne idée.
La provocation, Macron connaît. Il aurait dû en percevoir les limites. Face à la colère qui ne manquera pas de s’exprimer dans tout le pays, il aurait pu tenter l’apaisement. Même si le point de non-retour est depuis longtemps dépassé (lire ICI). Alors, Jupiter (ou Attila, c'est selon) persiste dans un entêtement suicidaire et s’offre même le luxe de pratiquer la surenchère. Imaginez que l’action du 5 décembre soit un succès populaire, et elle le sera. Si le 6 décembre, une réaction en chaîne devait s’opérer, le pays se trouverait alors en situation de blocage total, paralysé par un conflit généralisé dépourvu de point de sortie. Cette situation serait propice à tous les débordements. Certains n’attendent que ça pour plonger le pays dans le chaos. Au passage, on n’ose imaginer les conséquences de la vindicte populaire sur les élus de la Majorité. Ceux qui ont vécu des conflits de l’intérieur sont conscients des dérives qui peuvent survenir (relire ICI).
Le Président de la République s’est délibérément placé dans une situation binaire : « ça passe ou ça casse ». Les futurs manifestants et grévistes aussi. Soit le mouvement lancé le 5 décembre ne permettra pas, au final, de remettre en cause la politique du Gouvernement. Outre les dégâts collatéraux provoqués par les frustrations de la population, celle-ci aura à subir de sérieux retours de manivelle avec une multiplication des reculs sociaux. Où alors, l’action prendra de telles proportions que, face au chaos qui est à craindre, la seule solution pour le Gouvernement et sa Majorité sera de démissionner. Il ne pourra être envisagé, de part et d’autre, de solution dans la demi-mesure. Cette fois, chacun s'est condamné à aller jusqu’au bout. Un peu comme des individus qui après avoir franchi un seuil, considèrent qu'ils n'ont plus rien à perdre et commettent le pire.
Nul ne connaît l’issue de l’action du 5 décembre. Mais nul n'ignore que les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis. Macron répression ou Macron démission ? En aucun cas Macron intelligent…
A relire, mon post rédigé quelques semaines seulement avant les premières manifestations de Gilets jaunes :
Macron, bientôt pour toi, la terre tremblera
(toute relation avec les activités sismiques récentes dans le Sud sont purement fortuites !)