SNCF : Guillaume, soit digne et tais-toi !

Publié le par Bernard Aubin

 

Il aura fallu qu'il s'exprime jusqu'au bout. "Aucun client, aucun Français ne comprendrait que la SNCF paye les jours de grève", a précisé Guillaume Pepy sur Europe 1 aujourd'hui. En cause, des revendications prêtées à certains cheminots en arrêt de travail hors cadre syndical et légal. Des salariés qui ont spontanément exprimé leur suite à un ras-le-bol, contournant les syndicats. Pas étonnant. Plusieurs gouvernements ont délibérément sabordé ces corps intermédiaires. Après tout, s'ils préfèrent "négocier" avec des coordinations et autres Gilets Jaunes.... Là n'est pas le sujet aujourd'hui.

 

La question est de savoir ce qui peut bien pousser le futur ex-président de la SNCF à s'exprimer encore sur un sujet aussi sensible un jour avant la fin de son mandat. Qu'a-t-il encore à gagner, Guillaume Pepy ? Un testament sous les projecteurs ? Un strapontin proposé par le Gouvernement qui a décidé de l'évincer dès son accession au pouvoir ? Qu'a-t-il encore à prouver, celui qui a enterré tant de Ministres des Transports et vu passer tant de Présidents de la République et que Macron aura fini par évincer ?

 

L'homme, dont les capacités politiques et intellectuelles ont permis de surmonter des décennies d'écueils et de peaux de bananes, a aussi largement contribué à la dégrader les conditions de travail des cheminots. Il fut le principal artisan de la transformation d'une gestion paternaliste du personnel, dans laquelle entreprise et salariés trouvaient leur compte, en gestion des « ressources humaines » à l'américaine.

 

Leitmotiv des années 90, que la SNCF devienne une entreprise « comme les autres ». Avec pour modèle France Télécom ? L'objectif a été atteint, parfois même dépassé. L’impardonnable survint  en 2018. Pour justifier la réforme de la SNCF, le Gouvernement utilisa des arguments des plus odieux à l'égard d'un personnel très éprouvé, mal-aimé, mais investi dans ses missions. Les cheminots ne pardonneront jamais à leur Président de ne pas avoir pris leur défense et pire : d'avoir emboîté le pas du Pouvoir sans la moindre réserve.

 

Sans le moindre état d'âme, Guillaume Pepy, suivit, le temps de cette réforme, « la voie de son maître ». Un maître pourtant ingrat, qui l'avait rejeté comme un malpropre. Incompréhensible ! Idem, plus récemment, lorsque le droit de retrait des agents se battant pour leur sécurité et celle des usagers fut qualifié de « grève illégale » tant par le Gouvernement que par la Direction SNCF, et que des sanctions furent envisagées à l'égard des salariés. La grève qui paralyse le Technicentre de Châtillon semble en effet illégale. Demander le paiement des jours d'arrêts de travail, même les syndicats ne s'y risqueraient pas.

 

Pour autant, le ras-le-bol des agents concernés, comme celui de beaucoup d'autres, reste bien compréhensible. Le futur ex-président, tout comme les Gouvernements successifs, en portent une lourde responsabilité. Raison qui aurait dû inviter celui que l'on sort par la petite porte à s'imposer les réserves de circonstance. Guillaume en a décidé autrement. Histoire de consommer jusqu'au bout le divorce avec son personnel. A quoi bon ?

 

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