SNCF : autrefois impensables, improbables, les démissions sont aujourd’hui une réalité

Pourquoi s’engageait-on jadis à la SNCF ? Pas pour le salaire, sans doute, parfois plus élevé dans le privé ou dans d’autres grandes entreprises… Parce qu’on le faisait de père en fils ? La SNCF a tout mis en œuvre pour rompre ce lien… Par amour pour le chemin de fer ? C’est de plus en plus rare et cela ne remplit pas la casserole. Pour ces fameux « avantages » qui servent d’alibis à certains pour qualifier les cheminots de "nantis" ? Jadis, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Juste une compensation de la modicité des salaires sous une autre forme que la rémunération.
Et aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? La retraire ? Depuis la réforme de 2008, celle des cheminots s’aligne progressivement sur le régime spécial : 62 ans pour tous… pour l’instant. Le calcul de la pension sur les 6 derniers mois sera lui aussi bientôt remis en cause. Une dernière spécificité qui elle aussi aura vécu. Le temps de travail ? 35 heures comme partout ailleurs. Les règles : elles aussi écornées par la réforme de 2008 et bientôt remises sur le tapis dans le cadre des échanges sur le nouveau « pacte social » Les conditions ? La SNCF est passée de la gestion paternaliste du personnel à la gestion à l’américaine.
Bilan : pressions et dépressions, parfois même suicides. Le syndrome de France Télécom n’est plus très loin. Les « chefs » ? comme partout ailleurs, des individus surdiplômés qui n’ont jamais vu un rail (de chemin de fer) de leur vie, qui savent d’où ils viennent sans savoir où ils exerceront demain, souvent exclusivement guidés par leur ambition personnelle. Des dirigeants qui manient aussi bien le franglais qu’ils ignorent la culture ferroviaire. Le Statut ? C’est foutu… dès 2020. Les contraintes, elles, vont accroître tandis que les salaires stagnent depuis des années. Productivité oblige…
Pas étonnant que la SNCF ne séduise plus. Au point que plus de mille cheminots ont démissionné en 2018. Nantis vraiment ? Si, pour certains, la SNCF était hier un rêve, les Gouvernements successifs et les technocrates l’ont transformée au fil des ans en cauchemar !