Train du Vendredi Saint à Bouzonville : faut-il en rire ou en pleurer ?

Publié le par Bernard Aubin

Train du Vendredi Saint Bouzonville

 

22ème édition du "Train du Vendredi Saint" aujourd’hui, à Bouzonville… Avec un succès sans précédent : 700 voyageurs dans la première rame (4 allers-retours en tout), dont une bonne partie debout dans les couloirs… Ce train annuel a toujours attiré les foules, mais jamais à ce point ! Depuis environ 25 ans que je me battais pour sauver la gare de Bouzonville, j’aurais presque pu me réjouir devant un tel résultat… Sauf que toute présence humaine y a officiellement disparu depuis septembre 2018. Les trains de fret pour l’Allemagne ? Détournés par Forbach… Le Guichet ? Victime de la politique de suppression de la présence humaine menée par la Région Grand-Est… Pour prendre connaissance du reste de l’historique, cliquez ICI.

 

 

Comme de coutume, les personnalités se sont réunies après l’arrivée du premier train… et les discours se sont succédés… Le Maire de Bouzonville fut l’un des premiers à défendre mon projet de création d’une relation ferroviaire Voyageurs Sarrebruck-Luxembourg via sa ville, initiative qui aurait pu maintenir la gare et aussi la voie unique qui la relie à l’Allemagne. Une ligne gravement menacée, depuis qu’elle n’est plus utilisée qu’une fois par an… Et il a de nouveau affiché sa confiance en l’avenir… D’autres décideurs, nombreux, ont tour à tour pris la parole : Vice-Présidente du Conseil Régional, maires des villes allemandes situées sur la ligne, beaucoup de responsables et décideurs allemands, dont un entrepreneur qui a racheté un hangar relié au rail, et qui aimerait bien être desservi par le train…

 

Le Bâtiment Voyageurs de la Gare de Bouzonville

 

A entendre tous ces invités, dont certains ont même réclamé l’électrification de la voie unique, le profane aurait pu déduire que non-seulement la gare et la ligne étaient sauvées, mais que de plus elles étaient promises à un brillant avenir tant au niveau fret que Voyageurs. Le problème, c’est qu’en 22 ans de discours, j’en ai entendus, des promesses, des engagements, des perspectives de développement ou d'études de potentiels qui n’ont jamais été réalisées. J’en ai vu se succéder, des politiciens de tous les bords, de tous les âges, de tous les pays et villes concernés qui s’engageaient à défendre la gare et à promouvoir nos projets de dessertes… Aujourd’hui, la gare est fermée et la ligne qui la relie à l’Allemagne est menacée de démantèlement… La différence entre paroles et réalité.

 

La rencontre entre "décideurs". A gauche au premier plan, la Vice-Présidente Grand-Est

Doit-on en rire, jaune, ou en pleurer ? Que la représentante de la Région Grand-Est nous adresse ainsi son soutien, alors que la même Région a fait fermer la gare ? Que l’on évoque aujourd’hui la perspective de mettre sur rail cette fameuse liaison Sarre-Lor-Lux que je défends depuis plus de 22 ans et qui aujourd’hui est presque présenté comme une nouveauté ? Que l’on redécouvre que l’on peut acheminer du fret par Bouzonville car c’est l’itinéraire le plus direct entre les usines sidérurgiques françaises et allemandes ? Cela faisait plus de 100 ans que des trains l'empruntaient ! Que l’on réunit les maires des villes de l’axe Sarrebruck-Luxembourg pour défendre le rail, chose que j’avais faite il y a 22 ans en créant le premier Comité de Desserte International ? Est-ce encourageant ou pathétique ?

 

Le PRS de la Gare de Bouzonville

 

Sur le même registre, dois-je me réjouir que des associations allemandes, qui elles aussi défendent l’avenir de la ligne, me soumettent un tract en faveur du projet de desserte internationale que je défends depuis plus de 20 ans… Bon, me direz-vous, il n’est jamais trop tard… et l’union fait la force ! D’ailleurs, il semblerait que leurs actions aient temporairement fait renoncer la DB à fermer le tronçon de ligne vers la frontière française… En gare de Bouzonville, mes collègues cheminots me confiaient à la fois leur désarroi face aux évolutions dramatiques de la SNCF et leur volonté de « tirer des trains » : "on a des voies, on a des installations, on a des locomotives, on a tout ce qu’il faut pour travailler, mais on ne nous donne pas de boulot… Dis leurs (NDRL : aux médias) !". Ça aussi, ça fait plus de deux décennies que je leur dit.  Au niveau national comme au niveau local, on préfère souvent les discours, les Grenelles, les COP21 et suivantes. Sur le terrain, on en mesure le triste résultat : on ferme des gares à tours de bras.

 

2 des 4 hypothèses développées et présentées... en 1998 !

 

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