Catastrophe de Millas, médicaments et délires sur Internet
Jeudi 14 décembre 2017, 16 h 33, PN 25 de la ligne de Perpignan à Villefranche - Vernet-les-Bains, à proximité de Millas : un percute un autocar scolaire Immobilisé sur le passage à niveau. Bilan définitif : 6 élèves tués et une vingtaine de blessés à bord du car. La France est en émoi, à juste titre. L’enquête s’avère longue et difficile. Les témoignages sur les indications des feux et la position des barrières sont contradictoires. A ce jour, aucune responsabilité du conducteur du train et de la SNCF n’a pu être établie. En revanche, les médias viennent d’annoncer que la conductrice du car « prenait depuis sept ans un médicament contre l'insomnie incompatible avec la conduite ». Et le laboratoire Sanofi d’enfoncer le clou : l’ « Imovane peut influencer de façon conséquente l’aptitude à conduire, avec des risques possibles de somnolence, un allongement du temps de réaction et la diminution de la vigilance, particulièrement pendant les douze heures suivant la prise du médicament » et peut provoquer « une conduite automatique avec amnésie post événementiel ».
Et pourtant…
La SNCF s’était exprimée, à raison, à pas feutrés sur ce drame, respectant en cela le travail des enquêteurs et la douleur des victimes et des familles. D’autres n’avaient pas fait preuve d’autant de retenue… ni de réflexion. Nous n’oublierons pas cette pétition infecte, immonde, rédigée dans un français plus qu’approximatif, mettant implicitement en cause l’Etat, la SNCF et son personnel. Ce torchon, qui ne s’appuyait sur aucune preuve, juste sur une volonté de salir, avait pourtant récolté plus de 61 000 signatures. Cela a vraiment de quoi interpeller et inquiéter sur l’évolution de notre société (relire "Millas, la pétition de la honte").
Pas mieux aujourd’hui
Trouvé, aujourd’hui, sur Wikipédia, une expression plus récente sur la catastrophe de Millas. Elle n’a pas fait long feu. A l’inverse de la pétition, le texte fut rédigé avec bien moins de fautes, mais dans le même état d’esprit : on tire dans tous les sens, mais dans l’autre direction.
Que peut-on conclure de tout cela ?
- Les victimes et leurs familles ont droit à un minimum de respect et à un maximum de vérité. Seuls les enquêtes, si elles sont menées jusqu’au bout, sont de nature à leur apporter un éclairage objectif sur le drame. Ensuite, il appartient à la Justice de déterminer les responsabilités et de trancher.
- Les parents, lorsqu’ils éduquaient encore leurs enfants, leur enseignaient un principe élémentaire : « tourne ta langue 7 fois dans ta bouche avant de parler ». Conseil que l’on pourrait transposer ainsi : « fais 7 fois le tour de ton ordinateur avant de poster n’importe quoi sur Internet !»
- Sachons tous, à l’avenir, tirer les leçons d’une situation qui démontre, s’il le fallait encore, que précipitation et approximations sont mauvaises conseillères et peuvent engendrer d’importants dégâts collatéraux. Les familles dans la douleur, les blessés qui se rétablissent, les cheminots qui n’ont fait que conduire un train dans le respect strict de leur réglementation ferroviaire, et même la conductrice du car n’ont pas besoin de cela.
A bon entendeur !