Faites de 2019... une bonne année !

Publié le par Bernard Aubin

 

Il est encore temps, pour moi, de vous souhaiter à tous la meilleure année possible... Car vous en avez bien besoin. Sur le plan social, 2018 fut une année noire sans précédent. Pour les cheminots, tout d'abord. Ils ont dû affronter bien isolément une nouvelle réforme de leur entreprise et la programmation de reculs sociaux sans précédent, dont la disparition du peu qui restait de leur Statut. Il était clair, et écrit bien en amont sur ce blog, que cette étape serait la première vers des attaques plus globales et plus incisives touchant l'ensemble de la population. Mais peu ont compris qu'en soutenant les cheminots dans leur combat, ils n'auraient finalement que défendu leurs propres intérêts... Pire, il y a ceux qui ont contribué par leur attitude, leur positionnement, leur expression, à rendre possible ce qui aurait encore été inconcevable il y a une décennie. Une fois impactés à leur tour, certains d'entre-eux se sont peut-être retrouvés à manifester dans les rues ou sur des ronds-points... Mais un peu tard.

 

Sur le plan social, il est évident que le mouvement des Gilets-Jaunes a fait la une de l'actualité. Au départ, leur action ne visait qu'à contester la hausse des carburants. Amateur du « laisser pourrir », utilisé avec succès contre les cheminots, le Gouvernement n'a pas souhaité prendre au sérieux les frémissements annonciateurs d'un véritable tsunami social. Et pourtant, l'embrasement était prévisible et annoncé quelques jours à l'avance sur ce blog (cliquez ICI). Au delà des revendications, parfois contradictoires exprimées par les Gilets-Jaunes, ce mouvement témoigne d'un ras-le-bol contre les injustices sociales, la précarité...  Une colère exprimée aussi face aux provocations incessantes d'un Chef de l'Etat considéré comme déconnecté des réalités, éloigné des préoccupations des français, autoritaire et arrogant. Selon les médias, un maire aurait affirmé qu'une partie de la population souhaitait voir la tête de Macron au bout d'une pique... ce qui résume la haine que l'individu a lui même déchaînée auprès de certains citoyens.

 

Si d'aucuns pourraient se réjouir de la réaction viscérale d'une partie des français contre le Pouvoir en place, et des reculs que des actions ont bel et bien imposés au Gouvernement, il reste bon d'examiner avec lucidité la situation du dialogue social en France : un véritable champ de ruine. L'absence d'opposition politique digne de ce nom, la relégation des syndicats (y compris d'accompagnement) au rang de figurants, la disparition des derniers bastions sociaux ont contribué à accumuler et à exacerber des mécontentements qui se sont exprimés hors des organisations conventionnelles, sans revendications formalisées ni point de sortie de conflit identifié... Mais la n'est pas le plus grave : le Gouvernement et son chef n'ont pas cédé aux "gentils" Gilets-Jaunes venus manifester dans le respect mais plutôt aux "méchants" casseurs venus se joindre à eux. Ce sont bien les actes de violence et les conséquences économiques des manifestations qui ont contraint le Chef de l'Etat à reculer, pas une prise de conscience de sa part de la nécessité absolue d'entamer un véritable dialogue et de cesser les provocations. Une situation qui, au final, s'avère aussi dramatique que dangereuse pour l'avenir, et dont l'on ne peut guère se réjouir.

 

L'avenir, à commencer par celui qui se profile en 2019, n'est pas très reluisant. A la SNCF, la direction a programmé de nouveaux reculs sociaux sans doute par soucis d' « équité ». Un terme qui, dans le dictionnaire social, est synonyme de nivellement vers le bas. Il s'agira, concrètement, de raboter les quelques acquis dont bénéficient encore le personnel à Statut pour le mettre au même niveau que les cheminots du privé... Un projet nourri depuis plus de 10 ans par la SNCF qui souhaite enfin voir le bout du tunnel en imposant ces reculs. La Direction n'a-t-elle pas vu en Macron l'opportunité de réaliser ses pires fantasmes, quitte à ce que ses dirigeants soient, le moment venu, les futures victimes d' « Attila » ? A pactiser avec le diable, c'est lui qui finit toujours par l'emporter. Et ce n'est pas tout puisque les discussions (et non pas négociations) sur la réforme des régimes de retraites, très préjudiciable à l'ensemble des salariés, devait être lancée la même année.

 

Ni les vœux du Chef de l'Etat, ni la lettre rédigée à l'égard des français n'ont de quoi rassurer. Débats citoyens et autres Etats Généraux existent depuis la monarchie... Sans avoir souvent été à l'origine de changement d'orientations, sauf sous un rapport de force. Et c'est bien cela qui est dramatique en France. Un pays qui, à force de prendre plaisir à piétiner ses valeurs et à se désintéresser de son environnement, a progressivement perdu tous ses repères. Alors, si un souhait devait prendre le pas sur les autres pour cette nouvelle année, c'est que nous tous prenions la peine, quelle que soit notre position dans la société, de renouer avec le sens des réalités et de prendre nos responsabilités.

 

Tout ce qui nous arrive, en France, était prévisible et avait été annoncé par le candidat à la Présidence de la République qui se plaît de rappeler, avec justesse, qu'il ne fait que mettre en œuvre la politique pour laquelle il a été élu. Dans quelques mois devraient se dérouler les élections européennes, les plus importantes de toutes. Car c'est bien à se niveau que sont détricotées les règles sociales et mutilés les services publics. Qui prendra la peine de voter ? Et avant tout de prendre connaissance des programmes des différentes listes ? Après, il sera trop tard pour se plaindre, sauf à prendre plaisir à se rencontre autours de braseros, près des ronds-points... Enfin, je ne pourrais conclure ces "voeux" sans exprimer mon émotion face à la vague de suicide qui a endeuillé la SNCF et les familles de cheminots l'année passée : plus de cinquante d'entre-eux ont mis fin à leurs jours dans une indifférence aussi silencieuse que coupable. Plus jamais ça, ni en 2019, ni plus tard !

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