Gilets Jaunes : quitte ou double ?

Publié le par Bernard Aubin

 

Les flics sont épuisés, meurtris et révoltés. La population exprime en majorité sont soutien aux gilets jaunes mais condamne les casseurs. Les partis d'opposition se réveillent brusquement. Mais leurs discours demeurent pondérés face à une situation d'une exceptionnelle gravité. Les syndicats ont été rejetés, mais ils ne pourraient se désolidariser d'une action populaire d'ampleur, dans laquelle ils seraient empêtrés.  Les commerçants et les entrepreneurs sont désappointés et cumulent les manques à gagner...

 

Les ingrédients sont réunis. De l'incendie à l'explosion, il n'y a qu'un pas, et plus de pompiers. Nul n'ignore que les casseurs et autres racailles fourbissent déjà leurs armes pour ternir la manifestation programmée ce samedi. Quelques morts de plus, des blessés graves chez les Gilets Jaunes ou parmi les forces de l'ordre, et ce sera l’insurrection. S'il aime s'apparenter à Jupiter, Attila n'a jamais autant mérité son second surnom. Comme déjà écrit ici à de multiples reprises, offrez à un gamin et cerveau bourré de neurones, placez-le un poste clé, et contemplez le résultat.

 

Cette fois, on ne rigole plus. Si l'ensemble de la classe politique d'Opposition reste modéré face au Pouvoir, c'est que les dirigeants, y compris ceux des partis les plus extrêmes, ont pleinement conscience des risques d'embrasement général. Pas question, pour eux, de jeter de l'huile sur le feu. En cela, ils font preuve de plus de responsabilité et de maturité que le pyromane puéril à l'origine du chaos. Le feu s'approche cependant dangereusement de la poudrière. Le Pouvoir doit impérativement lâcher du lest et ne pas se limiter à des demi-mesures. Seules des annonces tangibles, à effet immédiat, seraient de nature à désamorcer la crise. A condition qu'à ce jour, le point de non-retour ne soit pas déjà franchi.

 

La diversité des revendications, parfois contradictoires, l'absence de point de sortie identifié, le pourrissement du conflit sont autant d'éléments susceptibles de rendre un mouvement incontrôlable et radical. Pourtant, les choses ne sont pas si compliquées que cela. Les Français en ont tout simplement ras-le-bol d'être délibérément confrontés à une accumulation de difficultés et d'avoir pour seules  perspectives d'avenir une multiplicité de réformes anti-sociales qui aggraveront encore leur situation. Ras-le-bol de vivre dans une société où les riches ne cessent de s'enrichir et les pauvres ne cessent de s'appauvrir. A ces injustices s'ajoutent régulièrement des discours condescendants et provocateurs, véritables comburants de la grogne.

 

L'issue du conflit ? Ce sera quitte ou double. L'annonce de mesurettes, de conciliations à venir, d'Etats Généraux pour politicards bobos ne ferait que raviver le feu. Encore la moindre erreur politique, encore la moindre bourde en communication, et ce sera l'explosion garantie dès samedi. Et ce pour une durée indéterminée. Il existe cependant, pour Macron, une amorce de solution. Une clé de nature à ouvrir les portes vers une issue positive du conflit. Elle tient en deux mots : l'humilité.

 

Sur le même sujet :

 

écrit le 10 octobre : Macron, pour toi, la terre bientôt tremblera (annonce d'un crise imminente)

écrit le 18 novembre : Gilets Jaunes, attention, danger ! (en quoi le conflit des Gilets Jaunes peut déboucher sur une crise majeure)

écrit le 2 décembre : Gilets Jaunes, le pire est à venir (retour sur les ingrédients d'un cocktail explosif)

écrit le 3 décembre : Gilets Jaunes : Macron se tait et il a bien raison (sauf à faire un mea culpa sincère et concret, toute intervention de Macron sera interprétée comme une provocation)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article