Gilets jaunes : le pire est à venir

Qu'ajouter de plus à ce que j'avais écrit dès le 18 novembre ? Presque rien. Preuve que le chaos qui semble avoir surpris certains, hier, était bien prévisible.
Prenez les français pour des imbéciles, étranglez-les financièrement, multipliez les provocations de France ou en ballade autour du monde, et vous récolterez à un moment ou à un autre ce que vous avez semé... C'est logique, c'est basique, mais cela n'atteint pas le cerveau d'un être persuadé d'être au dessus de tout. L'arrogance est la mèche qui, hier comme aujourd'hui, allume la plupart des brûlots. Le feu approche dangereusement d'une poudrière gonflée à bloc. S'il avait explosion générale, plus rien n'arrêterait l'incendie. Les casernes des pompiers ont tour à tour été démantelées : sûr de sa suprématie, orgueilleux jusqu'au bout des ongles, Attila s'est évertué à affaiblir et à discréditer des partenaires sociaux et toute "opposition" inutiles à ses yeux. La suite : un risque de « Tchernobyl social ».
La gravité de la situation actuelle s'explique par la conjugaison détonnante de plusieurs éléments :
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Le mouvement, aussi spontané que nébuleux, exprime avant tout un ras le bol général plutôt que des revendications précises et formalisées. Difficile d'identifier un point de sortie possible.
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La population constituant les « Gilets Jaunes » est aussi variée que ses attentes. Cela rend encore plus difficile la recherche de points de décrispation.
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Cette diversité a pour corollaire l'impossibilité de désigner au Gouvernement des interlocuteurs légitimes, au vu de la diversité des attentes ou simplement des frustrations exprimées. Sous prétexte de refuser toute « récupération », le mouvement s'affranchit aussi de toute organisation, structuration ou accompagnement qui permettrait une concertation avec le Gouvernement. Quand bien même ce dernier déciderait finalement de négocier, il ne le pourrait pas. Ces conditions favorisent le pourrissement du mouvement, terreau idéal de la radicalisation.
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L'hétérogénéité du mouvement le rend perméable aux groupuscules divers armés des pires intentions. Les casseurs n'ont pas tardé à se joindre à un mouvement au départ authentique, déterminé, responsable et bon enfant. De fait, toute manifestation risque de dégénérer.
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Jusque là, même quelque peu inédite, les manifestations de Gilets Jaunes ne pouvaient laisser craindre de débordements majeurs. S'ajoute aux ingrédients d'un cocktail détonnant la fracture d'une société française sans repère et sans valeurs partagées. L'équilibre social s'en trouve grandement fragilisé. Les soubresauts de ces derniers jours pourraient à terme, faire s'effondrer ce château de cartes.
Imaginez que les banlieues se réveillent, que les lycéens et étudiants descendent dans la rue, et que le syndicats appellent à la grève et à rejoindre les manifestations, que les confrontations fassent encore des morts et des blessés... Tout cela, faut-il insister, sans le moindre interlocuteur ou point de sortie identifiés.
Comme déjà écrit le 18 novembre, l'on risque d'assister à une sorte de bagarre générale dans laquelle, au final, plus personne ne sait contre qui et pourquoi il se bat. Le risque est bien réel.
Encore quelques provocations, lors d'un tour du monde ou ailleurs, et on y sera.
Je vous invite vivement à (re) lire mon post du 10 octobre : Macron, pour toi, la terre bientôt tremblera.