Drame de Millas : les responsabilités établies

Publié le par Bernard Aubin

 

Les faits

14 septembre 2017, 16h33 : au PN 25 de la ligne Perpignan – Villefranche Vernet-les-Bains, un TER percute violemment un car transportant des élèves. Le véhicule est coupé en deux. La rame est restée sur les rails. Le bilan définitif de ce drame s'élèvera à 6 morts et une quinzaine de blessés, tous passagers du bus.

 

L'équipement du passage à niveau

Il s'agit d'un PN à SAL 2. En clair, c'est un passage à niveau automatique équipé de feux rouges clignotants et de demi-barrières. Le constat établi après l'accident souligne que la barrière côté car est brisée.

La controverse : barrières ouvertes ou fermées ?

Devant l'ampleur du drame, la question des circonstances et des responsabilités se pose rapidement, oppressante au point d'entraîner tout un lot d'appréciations diverses. Si de nombreux témoignages accréditent la thèse des barrières fermées avant le passage du car, d'autres infirment cette approche. Seuls les experts seront donc en mesure de démêler le vrai du faux. Mais alors que le respect des victimes impose un minimum de retenue, de nombreux intervenants mettent directement en cause la responsabilité de la SNCF. Point d'orgue, cette « pétition de la honte », rédigée dans un français approximatif, qui recueillera plus de 60 000 signatures.

Rappelons aussi un point essentiel, négligé par la quasi-totalité des médias : ce ne sont pas les barrières qui interdisent l'accès au PN, mais les feux rouges clignotants, qui comme le feu rouge fixe des carrefours imposent un arrêt absolu, en présence ou non de barrières, que celles-ci soient levées ou baissées, l'article R412-30 du Code de la Route est on ne peut plus clair : « Tout conducteur doit marquer l’arrêt absolu devant un feu de signalisation rouge, fixe ou clignotant.... ». En principe, la controverse sur le positionnement des barrières n'avait pas lieu d’être, dès lors que le fonctionnement des feux rouges clignotants avait été établi.

4 octobre 2018 : la conductrice incriminée

Selon « Le Parisien », les conclusions des expertises techniques confirmeraient les premiers éléments de l'enquête : « l’origine de cet accident provient d’un freinage tardif de la conductrice de l’autocar ». Reste désormais à savoir si les médicaments absorbés par cette professionnelle de la route ont pu altérer ses capacités. Ces conclusions disculpent de fait la SNCF et son personnel, gravement mis en cause sans le moindre élément factuel à charge. Des attaques qui reposaient sans doute sur un « délit de nanti », parfaitement abjectes dans le cadre d'un drame qui a fait six morts et brisé la vie de plusieurs familles.

La moralité de l'histoire

Il s'agira désormais à la Justice, et à elle seule, d'estimer les suites à donner à cette enquête. Il y a fort à parier que pour leur part, les cheminots n'auront pas l'indécence, malgré  les récentes révélations, de rédiger une pétition à l'encontre de la conductrice de car ! Un tel drame, ferroviaire ou routier, doit susciter  l'humilité,  la compassion, la réserve, le respect des familles et des victimes. Honte à ceux qui se servent du malheur des autres pour régler leur compte et déverser leur haine !

 

Plus de 90 % des incidents et accidents survenus aux passages à niveau sont le fait du non respect du code de la route : feux rouges grillés, barrières passées en chicane... Non, la peine de mort n'a pas été totalement abolie en France. Elle sanctionne encore certaines infractions au Code de la route, et emporte au passage la vie d'innocents. Que tous les fous de la route se le rappellent :  face à un train, leurs chances de survie se comptent sur les doigts d'une main.

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