SNCF : la confiance rompue ? Mais quelle confiance ?

Publié le par Bernard Aubin

 

 

Alors que les deux syndicats d’accompagnement venaient tout juste de souligner l’ « écoute » et la volonté d’ « avancer » d’Elisabeth Borne, il aura suffi d’une malencontreuse fuite dans la presse pour éloigner la perspective de sortie du conflit qu’ils appelaient de leurs vœux... avant même d'y être entrés. Selon le Gouvernement, la réforme ne dissimulerait pas une volonté de privatiser l’Entreprise. Il l’a maintes fois affirmé. Ses propos ont été confirmés par une Direction SNCF très en phase. Ce qui n'a pas empêché cette dernière de regretter que le projet de loi n’offre pas encore assez de liberté pour s’affranchir des règles qui avaient pourtant fait la grandeur de l’Entreprise.

 

L’ « incessibilité » des parts de la nouvelle holding SNCF… Voilà ce dont il est question dans un mail adressé début mai par de hauts dirigeants de la SNCF au Ministère des Transports, et révélé ce dimanche par « Le Parisien ». Loin de demander des assurances sur le maintien du caractère public de l'Entreprise, notre bonne Direction s’est au contraire inquiétée des blocages que pourrait induire une rédaction trop rigide de la loi la réformant la SNCF. « Nous avons insisté sur la nécessité de la restreindre au niveau de la holding », indique la Direction. En résumé, celle-ci invite le Gouvernement à ne pas trop verrouiller la vente de parts de ses filiales. Sachant qu’un bon nombre des activités ferroviaires, telles Fret SNCF et peut-être les TER seront appelées à être filialisées, l’on peut aisément comprendre que la coquille contenant le 100 % public promis sera progressivement vidée de sa substance. La perspective de privatisation par décalage s'avère manifeste.

 

Direction SNCF et Ministère ont cru bon d’adresser un démenti, rapide et maladroit, à la publication de son mail confidentiel. Un courriel jeté sur la place publique juste avant la « journée sans cheminot » organisée par certains syndicats. Voici un autre extrait du mail : « Filialisation - Amendement proposé par SNCF : rédaction actuelle des missions de Mobilités empêche la filialisation de TER au niveau de Mobilités et de la holding. C’est pourquoi il est nécessaire de modifier les articles L.2101-1 sur les missions de SNCF et L2141-1 sur les missions de Mobilités. Cab n’est pas convaincu que ce soit nécessaire à 1ère vue => DGITM instruit le sujet ». Vous avez bien lu : la direction SNCF regrette que, dans sa version actuelle, le texte interdirait la filialisation des TER  !

 

Sans poursuivre plus en avant l’analyse des textes et amendements en projet, il est bon de rappeler une nouvelle fois les méthodes employées par ce Gouvernement pour venir à bout de la SNCF et des acquis de son personnel : argumentaire fallacieux déployé contre l’Entreprise, dénigrement des cheminots, manipulation de l’opinion publique… Citant l’article de presse, un représentant du personnel déclarait « il s’agit d’une rupture de confiance… ». Une confiance, quelle confiance ? Celle-ci n’a jamais été à l’ordre du jour entre ce Gouvernement et les syndicats. Et celle-ci ne sera plus jamais à l’ordre du jour entre le personnel et une Direction qui l’a hautement trahi !

 

Quelle confiance accorder à des politicards qui ont accédé au Pouvoir par trahison, tromperie et ambition personnelle ? Quelle confiance accorder à des technocrates qui président au destin d’une entreprise octogénaire, qui n’ont jamais vu un rail de leur vie, et qui plantent un couteau dans le dos de ceux qui font tous les jours tourner la boutique ? Quelle qu’en soit l’issue, le combat mené depuis le 2 avril par les cheminots est légitime. Il ne s’agit pas là que d’une simple lutte pour le maintien des acquis. Il s’agit d’une démarche globale contre l'obscurantisme sournois et assumé qui rongera peu à peu les fondements de notre société, s'il n'est pas stoppé au plus vite. Tous les Français sont concernés par ce qu'il se passe aujourd'hui !

 

Au fait, Monsieur le Président, comment se sont passées vos vacances au fort de Brégançon ?

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