SNCF : des actes de malveillance condamnables

Publié le par Bernard Aubin

 

Tout conflit SNCF inscrit dans la durée débouche à un moment ou à un autre sur des actes de malveillances. L’histoire sociale de la SNCF est parsemée de grèves qui, après quelques jours, donnent lieu à des écarts de comportement souvent le fait d’une minorité isolée. Pétards sur les voies, trains bloqués, chantiers envahis, torches allumées ça et là… Ces manifestations peuvent presque rester bon enfant à partir du moment où l’outil de travail est préservé et que personne n’est mis en danger ou menacé… En revanche, les actes de sabotage, de violence, d’intimidation ne sont pas tolérables comme le rappellent la plupart des syndicats !

 

La SNCF vient d'afficher la plus grande fermeté face à des dérives qui, pour certaines, sont imputables aux cheminots. Tandis que pour d’autres, les auteurs restent à identifier. A raison. Casser le chemin de fer, ne n’est pas tolérable. A ce stade de la réflexion, une image peut revenir à l’esprit. Celle des cadres d’Air France, chemises déchiquetées, pris en chasse par quelques syndicalistes en colère. Les vidéos ont fait le tour du monde. Elles ont ridiculisé la France. A qui la faute ? A des syndicalistes teigneux ou à ces dirigeants qui avaient promis aux salariés de maintenir leurs emplois en contrepartie des efforts qu'ils ont concédés... pour finalement se voir gratifiés d'un billet classe affaire pour pôle emploi.

 

Ce qui revient à se poser la question des définitions de la violence, du sabordage, de la délinquance, de la malveillance… L’acte d’une  « racaille » qui brûle une voiture un soir de Nouvel An est-il plus répréhensible que celui d’un patron qui licencie pour augmenter ses profits ? Les réactions des cheminots face au dénigrement et à la casse planifiée de leur entreprise sont-elles plus condamnables que les décisions arrêtées en ce sens par le pouvoir politique ? Des orientations qui remettent en cause l'avenir de milliers de kilomètres de dessertes et des acquis sociaux séculiers ! La mise en scène d’une « concertation » dont le champ se limite à la sauvegarde d'un minimum de règles sociales ne résulte-t-elle pas d'une certaine forme de malveillance intellectuelle ?

 

Effectivement, toute dérive est condamnable. A commencer par la première, celle à l'origine de ce conflit, fondée sur l'autoritarisme et le dénigrement. Une « justice divine » ou tout simplement objective ne manquerait pas de placer les responsabilités là où elles sont vraiment, sans se laisser impressionner par un bleu de travail ou un col blanc… La justice humaine, elle, reste plus basique et parfois bien complaisante avec toutes formes de pouvoir. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendrons blancs ou noir » soulignait  déjà Jean de La Fontaine à son époque. Les puissants du jour doivent cependant garder à l’esprit qu’ils seront peut-être les misérables de demain. Et se feront rattraper, le moment venu, par les faits qu’ils ont commis…

 

28 % des cheminots étaient en grève hier. Preuve que malgré la fermeté affichée par le Gouvernement à leur égard et la durée exceptionnelle du conflit, ils restent déterminés à préserver un environnement social décent et l’avenir de leur entreprise. Leur action a également pour but de combattre une autre forme de vandalisme, bien légale celle-là, mais totalement illégitime. Celle qui consiste à casser les entreprises et les droits des salariés pour servir des objectifs humainement rétrogrades et, au final, ne satisfaire que des appétits financiers. Le vrai vandalisme, la véritable malveillance, trouvent là leurs meilleures définItions. Avec des conséquences infiniment plus graves que quelques défilés, quelques fumées, quelques lignes bloquées.

La direction SNCF condamnera-t-elle ces dérives avec autant de fermeté... ou s’en rend-elle complice ?

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