SNCF : si je m'appelais Guillaume, je m'en irais MAINTENANT !
Lettre ouverte à Guillaume Pepy

Guillaume, combien de fois ta présence à la tête de la SNCF n’a-t-elle pas été remise en cause ? Certains observateurs te voyaient partir à chaque changement de Gouvernement, voire à chaque remaniement ministériel. Combien de journalistes ont placé ta tête sur le billot lorsque la colère des usagers, victimes des pannes ou des grèves, atteignait des sommets ? Et puis, il y a eu tous ces accidents successifs : Brétigny, le TGV d’essais… et même le drame de Millas pour lequel la responsabilité de la SNCF n’a pas été établie à ce jour.
Enarque, cheville ouvrière de plusieurs réseaux influents, tu n’as jamais éprouvé la moindre difficulté à louvoyer avec tact dans l’immonde cloaque des politicards de tous horizons. Au point d’obtenir d’eux presque tout ce que tu voulais. Tes capacités intellectuelles hors du commun, tes redoutables stratégies, ton bagout, t'ont permis de "marionnettiser" ceux qui d’ordinaire manipulent le peuple. Charmeur lorsque la situation l’exige, toi, dirigeant hors du commun, tu n’hésites pas non plus à t'asseoir sur ton amour propre lorsqu’il s’agit d’amener les proies dans ton filet.
Comme le dit une certaine publicité : « ça, c’était avant »… Toi qui as surmonté tant d’épreuves, dominé tant de situations, dépatouillé tant d’imbroglios, survécu aux requins de toutes espèces et, quand-même, contribué à ce que la SNCF conserve une place de leader dans le monde des transports du 21ème siècle (malgré ton bilan social plus que discutable), tu sembles avoir perdu de ta superbe. Et pour cause. Macron et sa tribue d’ambitieux ne semblent guère t'apprécier. Ils ont sans doute rongé leur frein pour ne pas te virer... tout de suite. Car, d'une certaine manière, tes succès passés blessent leur orgueil. De toi ils se méfient. Et de fait ils t'humilient… A te voir dans les rangs, ou plutôt dans le rang lors de la réunion conclusive des "Assises de la Mobilité", j'en avais presque la larme à l'œil. Ils t'on coupé le sifflet !
Pauvre Guillaume. Tu approches de la falaise. Depuis des lustres, il y a tant d'âmes charitables qui ne demandent qu’à t’aider... à faire le grand saut. Le temps où tu rédigeais toi-même la lettre de mission de Président systématiquement validée par le Gouvernement… l’époque où tu construisais de tes mains la réforme de la SNCF, où ton ton projet était intégralement repris par la Droite, puis par les Socialistes,... Tout cela semble être définitivement révolu. Fin de la belle époque. Que pèse ton réseau au sein d’une Majorité composée de petits prétentieux aux dents longues, toujours le doigt sur la couture, prosternés devant leur gourou ? Avoir pris Mathias à la com. ne te sauveras pas... Peut-être pire que ça...
Guillaume, ta fin n’est pas loin. Définitive cette fois… du moins à la SNCF… Cela ne fera pas que des malheureux… Les bouchons de champagne vont voler. De toi, on ne retiendra sans doute que tes défauts… et malgré les efforts que tu as déployés pour maintenir la place du rail en France, crois-moi, ce sera vite oublié. Regarde ce qui est arrivé au Général De Villiers… Plus de quarante années au service de la France... et jeté comme un malpropre… par un jeune arrogant qui ne connaît rien à la vie et qui, de surcroît, se serait fait exempter du Service National… Ces gens là n'ont honte de rien. Ils ne perçoivent le monde qu'à travers la lucarne du CAC 40.
Non Guillaume, face à des ambitieux compulsifs qui n’ont ni foi ni loi, même toi, tu auras du mal à faire le poids… La question est de savoir, toi qui as toujours dominé, si tu souhaites à ton tour être instrumentalisé. Veux-tu vraiment, toi le désormais condamné, devenir l’artisan des basses œuvres de tes propres bourreaux … avant d’être à ton tour «De Villierisé ». Allez, fais-toi plaisir, fais quelque chose de bien. Laisse ces petits prétentieux se débrouiller avec leur réforme à vomir. Invite-les à affronter la vraie vie, la tempête qu'ils vont déclencher... Fais-toi un petit plaisir : vas-t-en MAINTENANT. Il n’y a aucune honte à quitter un navire que son propriétaire a décidé de couler. Chacun le sait, tu sauras rebondir. Tu les auras !
Les cheminots, eux, sauront se débrouiller. Ils ne t'appellerons pas "Schettino", je te rassure. Il t'applaudiront pour ne pas les avoir trahis. Leur boutique, ils sont déterminés à la sauver... Avec ou sans capitaine à bord, ils en prendront le manche... comme ils le font depuis des années pour pallier les défaillances d'une Entreprise délibérément sinistrée et injustement mal-aimée. Quant aux autres, leur propre orgueil se chargera d'eux plus vite qu'ils ne le croient. Et toi, Guillaume, tu disposes encore de boulevards devant toi.