Réforme SNCF : français, réveillez-vous !

Publié le par Bernard Aubin

NON AU RACISME PROFESSIONNEL !

 

 

Pour lever toute résistance éventuelle aux réformes anti-sociales à venir, Nicolas Sarkozy avait pris le parti de s’attaquer en priorité au dernier bastion de résistance français : les cheminots. Outre les mesures prises contre le droit de grève, la fermeté employée à l’encontre des salariés qui osait cesser le travail, une attaque en règle contre les régimes spéciaux, l’ancien Président avait eu recours à un stratagème des plus viles à l’égard des agents de la SNCF.

En dénonçant la « situation indigne des régimes spéciaux », Nicolas Sarkozy stigmatisait déjà une catégorie professionnelle ne bénéficiant d’aucun réel privilège, juste d’une contrepartie du travail effectué livrée sous une autre forme que la rémunération. Le but était évidemment de retourner l’opinion publique contre des « privilégiés » pour mieux en venir à bout. Cette approche, pour le moins immorale,  consiste ni plus ni moins qu'à réveiller la bête immonde qui sommeille en nombre d’entre nous.

Pour en  comprendre la gravité et la portée, il suffit de remplacer le petit monde chemins par une quelconque minorité. Des gens qui n’ont rien fait de mal mais dont la communauté, l'origine ou les convictions font d'eux les victimes expiatoires idéales de tous les maux de la terre, ou de la France l’occurrence. L’Histoire témoigne, sur d’autres registres, des conséquences dramatiques de cette approche. En France, le racisme professionnel était né.

 

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy fait presque figure d’enfant de chœur face à l’ignominie des attaques lancée par le Gouvernement contre les mêmes cheminots. Les maux de la SNCF sont connus depuis plus de deux décennies. Fruit de décisions délibérées, comme l’ouverture à la concurrence des transports de fret sans la moindre harmonisation réglementaire ou sociale préalable, ou dune indifférence non-moins coupable, comme le non-apurement de la dette de l’Etat pourtant rendu obligatoire par une directive européenne, la SNCF a été délibérément placé en position de fragilité.

Edouard Philippe  évoque une « situation alarmante, pour ne pas dire intenable ». Alarmante, certes, intenable… Pas plus qu’il y a vingt ans… Seule différence, c’est que depuis, les opérateurs privés se bousculent au portillon. La seule «  urgence » semble donc de donner satisfaction au grand capital ! Nos décideurs négligent délibérément les efforts fournis au quotidien par un personnel réduit à gérer une réseau abandonné par moult décideurs politiques ou l’impact des restrictions d'effectifs (-2000 agents par an) sur les capacités à assurer un service public de qualité… Le responsable de tous les maux, c’est donc le Statut des cheminots. Pour la dette, on repassera. Les petites lignes ne seront pas supprimées, tout juste étranglées financièrement. Et concernant la " concertation", elle aura lieu par ordonnances... Une contradiction tellement grotesque qu'elle stupéfie plus qu'elle ne fait réagir.

 

« Le Statut est rigide, le monde change » affirme le Premier ministre. « Mon grand-père était cheminot, il n’avait pas la même vie que vous avez aujourd’hui. C’est le contribuable qui paye. Je ne peux pas avoir d’un côté des agriculteurs qui n’ont pas de jours fériés et parfois pas de retraite et dire qu’il ne faut pas changer le statut des cheminots» avait asséné le Président de la République… dont l’aïeul ne doit pas être fier de son petit-fils s’il est vivant, et se retourner dans la tombe s’il est mort.

Effectivement, le monde a bien changé sous le joug des politiques ultra-libérales successivement déclinées. Une autre forme de rigidité s’appelle aussi le « Code du Travail ». Des règles que les Gouvernements successifs n’hésitent pas à rogner, et qui devraient constituer la nouvelle référence des embauchés SNCF. On supprime le Statut, on rogne le code du travail… Et ensuite ? Il faut vivre avec son temps… On aligne le salaire des cheminots, et des français en général, sur le SMIC des routiers polonais ou bulgares, qui plafonne aux alentours des 700 euros pour des conditions et horaires de travail moyenâgeuses ? Car c’est bien cet objectif que vise l ' "équité" pronée par notre Gouvernement : une fuite en avant, une Régression Sociale à Grande Vitesse. Il est possible d'entrevoir l'équité sous une autre forme que  même soupe populaire pour tous !

 

 

Aux français de lever les yeux de leurs Smartphones, de leurs jeux virtuels et autres écrans, de leur nombril et de prendre conscience des menaces sans précédent qui pèsent sur eux  ! Contribueront-ils à scier la branche sur laquelle ils sont tous assis ? Emboiteront-ils le pas du Gouvernement qui mène à une érosion inéluctable de l’ensemble des acquis sociaux ? Souhaitent-ils que les VRAIS privilégiés deviennent de plus en plus riches et les salariés de plus en plus malmenés ? Laisseront-ils s’exprimer la bête immonde qui sommeille entre eux, à l’invitation de personnages immatures et irresponsables ? Se réveilleront-ils à temps ou trop tard, lorsque le couperet tombera s'abattra  leur cou et qu'ils ne pourront plus compter sur les cheminots pour défendre l'intérêt commun ?

Oui, comme l’affirme le Gouvernement, il y a urgence… urgence à se réveiller, à ouvrir bien grands les yeux face aux réalités... et à agir en conséquence !

 

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