SNCF : Mieux vaut lire ça que d'être aveugle !

Certains médias ont révélé, la semaine dernière, une info transcendante. Pour limiter les retards, les voies des trains seraient affichées non plus 20 minutes, mais 30 minutes avant le départ. Et pour justifier "cette idée qu'elle est bonne", comme aurait dit Coluche, la SNCF aurait annoncé souhaiter éviter à ses clients les impacts négatifs des afflux, les pagailles dans les gares engorgées... Une expérimentation a donc été lancée à Montparnasse et Gare de Lyon. Seuls les trains les plus demandés bénéficient, pour l'instant, de cet aménagement...
Le plus étonnant, dans cette affaire, n'est pas la mesure en soi mais plutôt l'absence de recul dans la diffusion de cette nouvelle. Visiblement, ceux qui l'ont relayée en l'état sont soit très jeunes, soit n'ont jamais pris le train de leur vie. Car il suffit de remonter quelques années en arrière pour se souvenir qu'à l'époque, les voies d'arrivées et de départs des trains étaient affichées sur les quais... plusieurs mois à l'avance. Les tableaux d'affichage électroniques annonçaient pour leur part les trains dès leur mise à quai, sous réserve d'être accessibles aux clients.
Alors, avancer de 20 minutes à 30 minutes la possibilité de monter à bord, quelle révolution ! Ou quel retour en arrière, tout simplement ! D'autant plus qu'il suffit de se rendre à l'étranger pour constater que le bon vieux système d'annonce, que la SNCF pratiquait jadis comme tous les opérateurs ferroviaires, est la plupart du temps toujours en vigueur. La vraie question aurait été de savoir pourquoi il avait été décidé de livrer une information aussi tardivement aux clients ? Pour le plaisir de les voir poiroter dans le froid ou sous la canicule, alors que leur train est à quai ?
Vue de l'extérieur, l'initiative semblait des plus stupides ! Encore une invention de technocrates qui ne connaissaient rien au rail ? Ou peut-être doit-on rechercher une explication technique. Le fait, par exemple, que les rames, rentabilisées à l'extrême comme les avions, doivent pouvoir être nettoyées dans de bonnes conditions dans la courte durée séparant leurs arrivées et leurs départs ? Une thèse qui ne justifie pas pour autant que la règle des 20 minutes soit appliquée à l'ensemble des trains... Autre question : pourquoi les autres réseaux, sans doute confrontés aux mêmes contraintes, n'ont-ils pas appliqué les mêmes dispositions ?
Faire et défaire, c'est toujours travailler, diront certains. Mais annoncer du neuf, alors que l'on ressort du pas si vieux que ça, c'est un peu fort. Les mêmes annonceront-ils demain la réunification de la SNCF pour une meilleure efficacité du système ferroviaire (ça rappelle des souvenirs?), la mise en place de dirigeants cheminots en lieu et place de technocrates ambitieux qui polluent le fonctionnement de la boite, le retour d'une politique SNCF prioritairement braquée sur le développement du rail français, une gestion du personnel humaine qui encourage les agents au lieu de les déprimer...
Les cheminots attendent les autres « scoops » du même genre avec impatience !