Accidents aux passages à niveau (PN) : causes et remèdes

Publié le par Bernard Aubin

 

Je tiens d'abord à exprimer toute ma compassion aux victimes du terrible drame de Millas, à leurs familles et à leurs proches.

L'enquête devra déterminer avec précisions les circonstances et les responsabilités qui entourent cette terrible collision. Le temps n'est pas aux supputations ou à de quelconques polémiques mais au recueillement. Bien sûr, toute la vérité devra être établie le moment venu. Il appartiendra à la Justice de déterminer les responsabilités des uns et des autres.

L’expérience démontre qu’un accident trouve souvent son origine dans la conjugaison de plusieurs facteurs, ce qui interdit les spéculations et autres approches à l’emporte-pièce.

La SNCF ne s’exprime pas sur ce drame. Que ce choix soit délibéré ou qu’il lui ait été imposé, l’on retiendra de l’Entreprise une attitude digne face à l’émoi et aux douleurs que provoque un tel drame.

 

Ce que l'on peut dire des passages à niveau (PN)

 

• 16 millions d'automobilistes empruntent chaque jour les 15 000 passages à niveau de France

• Un train survient entre 25 et 45 secondes après la fermeture des barrières, ce qui laisse très peu de temps à un véhicule éventuellement bloqué sur les rails pour dégager les voies

• Le code de la route prescrit très clairement l'arrêt avant le PN dès le clignotement des feux rouges, même si les barrières ne sont pas encore baissées.

• Un train n'est JAMAIS en mesure de s'arrêter avant un obstacle au PN, du fait de son inertie, c'est pour cela que le train a toujours priorité sur la route (art. R422-3 du Code de la route)

• Les collisions aux PN occasionnent entre 30 et 40 morts par an

 

 

Ce que l'on peut dire des accidents qui surviennent aux passages à niveau

 

Ils peuvent être dus au dysfonctionnement des installations (feux rouges ou barrières en panne). Cela s'appelle un "raté de fermeture du PN". La circulation des trains est interdite vers le PN dès que l'anomalie est signalée. Ce type d'incident existe, mais il est très rare. Quand le système de commande d'un PN tombe en panne, les barrières restent en principe  fermées et les feux rouges clignotent, même en l'absence de train.

 

Ils sont souvent le fait de conducteurs ne respectent pas la signalisation routière (98% des cas) qui leur est imposée (infraction délibérée ou involontaire au code de la route). Sauf qu'au contraire de ce qui peut survenir sur la route, l'automobiliste ne peut compter sur la réaction du conducteur de train pour éviter l'accident...

 

• Il peut aussi arriver qu'un véhicule tombe en panne ou reste bloqué sur un PN. Seule solution, l'évacuer au plus vite et tenter, dans la mesure du possible, d'avertir la SNCF par le téléphone à disposition avant l'arrivée d'un train.

 

• Par ailleurs, dans le cas de PN à 4 barrières, ou si une barrière venait se placer sur le toit du véhicule, il ne faut surtout pas hésiter à dégager le PN : les barrières sont faites pour être cassées au besoin.

 

• Enfin, il y a les PN (dangereux) parce que mal-visibles ou situés dans des environnements défavorables. Ils sont identifiés en tant que tels et font l'objet d'un programme de suppression.

 

Ce que la SNCF met en œuvre pour limiter le risque d’accident aux PN

 

  • Supprimer les PN accidentogènes dans la mesure du possible et des financements accordés (reporter la circulation sur d’autres voies routières, créer des passages supérieures ou inférieurs). 150 PN ont été supprimés en 2016.
  • Rendre la signalisation des PN plus visible (feux avancés ou plus lumineux)
  • Profiter d’une rénovation des installations ou de la construction d’une installation pour supprimer un PN ou éviter d’en créer un.
  • Mettre en place des dispositifs de détection d’obstacles qui permettent l’arrêt du train avant le PN
  • Rappeler aux automobilistes les règles imposées par le code de la route (campagnes de prévention). Son application rigoureuse permettrait d’éviter plus de 90 % des accidents. Rappeler qu’en cas de problème sur un PN (véhicule bloqué à l’approche ou non d’un train)
  • Pour mémoire, il n’existe – heureusement – aucun passage à niveau sur les lignes à grande vitesse.

 

Pièges à éviter – Mesures contre-productives

 

Attention à ce que la nature des mesures prises pour éviter les accidents (notamment la mise en place de radars détecteurs d’obstacles) ou les décisions de justice ne constituent pas une nouvelle incitation à s’affranchir des règles du code de la route.

98 % des accidents survenus aux PN sont dus au non-respect de la réglementation routière.

C'est à ce niveau qu'il faut agir en priorité !

Sachant que, si de nouveaux dispositifs sont mis en place, ils risquent à leur tour d’être contournés par ceux qui s’affranchissent délibérément des règles qui leurs sont imposées.

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