SNCF : et si les terroristes s'attaquaient aux trains ?

Publié le par Bernard Aubin

 

 

A quelques jours du second anniversaire des attentats sanglants de Paris, la question plane : et si les terroristes s’attaquaient aux trains ? Il ne s’agit pas là de lancer une psychose qui aurait pour première conséquence de balancer des milliers de voyageurs sur les routes et de mettre ainsi, d’une autre manière, leur vie en péril. Il s’agit tout simplement de se poser les bonnes questions pour pouvoir anticiper une menace bien réelle.

 

Le Ministre de l’Intérieur se voulait d’ailleurs rassurant sur le sujet  : « on surveille à la fois les métros, les trains, puisqu’on avait vu une petite note indiquant comment on pouvait faire un attentat ». Début septembre, la direction générale de la police nationale appelait en effet à une certaine vigilance : « en raison d’une incitation récente de la propagande djihadiste à planifier un déraillement de train, une attention toute particulière doit être accordée à toute remontée d’information relative à une intrusion ou tentative de sabotage dans les emprises destinées à la circulation des trains ».

 

Et Gérard Collomb de se vouloir encore plus rassurant (?) le 29 septembre : « une méthode de déraillement de trains, diffusée dans la propagande djihadiste, a été testée par les autorités, mais ce mode opératoire d’attentat n’a pas fonctionné ». Pour enfoncer le clou, son entourage précisait que le mode opératoire « a fait l’objet de tests au cours de l’été et n’a pas fait dérailler les machines ». Ouf, nous voilà - presque - rassurés ! Des projets d’attentats visent le réseau ferroviaire mais ces stupides terroristes n’ont pas trouvé la bonne méthode. Quelques entrefilets dans la presse, et l’affaire est réglée…

 

Et si la menace venait de l’intérieur ?

 

La RATP, et dans une moindre mesure la SNCF, sont confrontés depuis des lustres à des problèmes internes de radicalisation. Chacun se souvient de la polémique entourant le fait que des hommes refusaient de conduire des bus après que des femmes en aient pris le volant. L’affaire avait quelque temps secoué la Régie, mais ce genre de problème est rapidement placé sous l’éteignoir, pays sociale oblige. Cette fois, c’est la SNCF qui risque se retrouver bien malgré elle au centre d’une controverse. Le site "Actu Pénitentiaire" a titré hier, d’une manière pour le moins provocante « Rennes: Formations sécurité ferroviaire à… des détenus islamistes »

 

Et le site de préciser la situation : "dans le cadre du dispositif destiné à favoriser l’insertion des détenus, l’administration pénitentiaire organise des forums pour l’emploi. Très bonne idée. Or il se trouve – simple hasard ? – que la formation d’annonceur sentinelle semble assez prisée des détenus pour quatre raisons : une formation rapide, un salaire élevé, la garantie de trouver un emploi rapidement et surtout, il n’est pas nécessaire d’avoir un B1 [Le bulletin n° 1 est un type d’extrait de casier judiciaire qui inclut l’ensemble des condamnations et décisions portées au casier judiciaire. Ndlr] vierge". L’auteur du post affirme par ailleurs que la note citée plus haut précisait également : « Le fait que certains détenus suivis au titre de la radicalisation, que ce soit au niveau local par l’établissement pénitentiaire, au niveau interrégional par la cellule interrégionale du renseignement pénitentiaire (CIRP) ou encore par la DGSI, se voient proposer et autoriser à suivre une formation et donc accéder facilement à un emploi dans le domaine de la sécurité ferroviaire sans aucune vérification de leur passé judiciaire et leur éventuelle inscription au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) interroge ». Effectivement, cette situation "interroge", c'est le moins que l'on puisse dire !

 

Qui est Actu Pénitentiaire ?

 

Info, Intox, recherche de Buzz à tout prix ? Le sujet du terrorisme est sérieux et mérite d’être entrevu avec toute la prudence et les réserves nécessaires. En juin, le Figaro avait mené son enquête : « ce fil d'actualité dont l'auteur, un surveillant, reste anonyme, est un peu la radio prison numérique qui permet de suivre le quotidien de la vie des prisons, quasiment en temps réel », écrivait le quotidien. Quelle crédibilité accorder à ce site ? Quelle valeur donner aux informations publiées ? Le problème, c’est que si l’on peut légitiment douter des informations – et intentions – d’un auteur anonyme, l’on peut tout à fait en faire autant des canaux officiels. La médiatisation d’un fait est rarement objective, surtout lorsqu’il s’agit de rassurer… ou d’effrayer à tout prix.

 

Ne pas se voiler la face

 

Le risque terroriste est bien réel, sur le rail comme ailleurs. L’effondrement de Daesh, à l’autre bout de la planète, pourrait bien se traduire par une multiplication des actes terroristes opérés sur les territoires occidentaux. En France, le radicalisme se développe jour après jour sous nos yeux, dans l’indifférence générale.

Les grandes entreprises ont un devoir d’intégration, mais la sécurité des Voyageurs et du personnel est prioritaire. Qu’elles prennent garde à ne pas placer le vers dans le fruit… s’il n’y est pas déjà.

Que les « infos » relayées par « Actu Pénitentiaire » soient réelles ou pas, peu importe. Le risque terroriste existe encore, favorisé par l’angélisme ambiant, la bobo-attitude, les politiques de l’autruche et la banalisation. Il est temps de se réveiller. Nous sommes tous concernés !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article