L'unité syndicale : toujours revendiquée, jamais pratiquée !

Publié le par Bernard Aubin

21 septembre : Philippe Martinez, Secrétaire Général de la CGT : « Il faut que nous nous rencontrions rapidement pour envisager des formes de mobilisation unitaires », « Quand le monde syndical est divisé, c’est en général toujours le patronat qui gagne ».

 

3 octobre, Laurent Berger, Secrétaire Général de la CFDT : « il est temps de mettre le gouvernement au pied du mur sur la politique sociale. C'est ce que nous allons faire le 10 octobre, de manière unitaire, sur le pouvoir d'achat des fonctionnaires et sur d'autres sujets, c'est un travail quotidien dans les entreprises ».

 

 

Aahhhh, cette « unité », tant de fois réclamée, tant de fois revendiquée, mais si peu pratiquée. Martinez a indubitablement raison lorsqu’il aborde les conséquences désastreuses de la division syndicale. Aurait-il oublié que l’un de ses prédécesseurs en a été l’un des principaux artisans ? Avec la CFDT, le Medef, la CGPME et le soutien de Sarkozy, son syndicat n’a-t-il pas soutenu une « position commune » en décembre 2006, dont la principale vocation était de favoriser la position dominante des principaux syndicats et d’exclure tous les autres du paysage social ? Depuis la promulgation des nouvelles règles de représentativité syndicales en 2008, fondées sur cette "position commune", le front syndical s'est brisé et ne  s'en est jamais relevé. A partir de là, le patronat avait déjà gagné.

 

Malgré les années, les méthodes de la CGT n’ont pas changé. Le syndicat décide, organise, programme des actions et place les autres organisations devant le fait accompli. Ce fut notamment le cas pour la grève du 12 septembre. Les autres organisations n’ont pas apprécié, au point de prendre de la distance dans un premier temps, puis de mettre en oeuvre la tactique de l’arroseur arrosé.

 

A la SNCF, les deux syndicats d’accompagnement, CFDT et UNSA, jadis inaudibles sur les lois de travail successives, semblent désormais vouloir bouger. Trop tard pour battre en brèche les reculs sociaux désormais imposés mais pas pour régler leur compte avec la CGT. Au point d’appeler à l’action ou les cheminots à faire grève (faire grève, vous avez bien lu !) le 10 octobre sans la bénédiction préalable d'un syndicat majoritaire pour une fois pris au dépourvu. Ira ? Ira pas ? La CGT n'a jamais autant hésité. Et la CFDT de reprendre à son compte cette fameuse et fallacieuse perspective d' « unité »… Jolie peau de banane, mais qu'y gagnent les salariés ?

 

Evidemment, le 10 octobre, l’unité ne sera, une fois de plus,  pas au rendez-vous. Tout juste les appels à l’action des uns et des autres  vont-ils sans doute se superposer. Ce n’est pas ça, l’unité ! D’autant que les revendications, de même que les publics concernés, sont des plus variés. A la SNCF, la CFDT dénonce « des ordonnances et de la hausse de la CSG » tandis que l’UNSA, plus réservée, « appelle à la mobilisation » afin « de renforcer les rangs des manifestations organisées en région et à Paris le mardi 10 octobre ». De toutes les luttes, SUD invite aussi les cheminots à cesser le travail « pour faire plier le Gouvernement ».

 

Tous ces appels coïncident avec les appels à la grève lancés le même jour, de manière plus cohérente, par les syndicats de la fonction publique. Et les salariés du privé dans tout cela ? Ne sont-ils pas les premiers exposés aux effets désastreux des ordonnances ? Hormis les routiers, ils semblent avoir été oubliés. Quelle est la place des cheminots dans tout ça ?

 

Les appels à la grève seront-ils suivis à la SNCF le 10 octobre, sachant que deux grèves ont déjà eu lieu les 12 et 21 septembre (pour la première fois, la direction de l’Entreprise n’a pas communiqué les taux de participation !) ? Contrairement à la légende, les journées de grève ne sont pas payées. Le manque évident d’unité syndicale, tant au niveau des mots d’ordre que de l’organisation de cette nouvelle action n’est ni facteur de rassemblement, ni facteur de mobilisation.

L’on pourra cependant compter sur le mécontentement grandissant pour renforcer les rangs des manifestants. Oui monsieur Martinez, et tous les autres dirigeants des grandes confédérations, « quand le monde syndical est divisé, c’est toujours le patronat qui gagne ». Alors, cessez de diviser, de vous diviser, pratiquez la vraie unité au lieu d'organiser et d'alimenter les querelles de clochers. Rassemblez au lieu d’ostraciser vos homologues car, depuis bientôt dix années, le patronat accumule les victoires.

Revenez-en aux fondamentaux du syndicalisme : la défense des salariés !

 

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