Macron : Sarkozy ou Attila ?

"Macron, c’est Sarkozy avec la vulgarité en moins" avais-je écrit il y a quelques mois : une politique de droite, cinglante et provocante… à laquelle rien ne doit résister. Une détermination identique que rien n’est censé arrêter : « casse-toi pauv’con pour l’un », « fainéants, cyniques, extrêmes » pour l’autre… De quoi réviser mon jugement sur la vulgarité du second.
J’avais aussi écrit il y a quelques mois que la volonté de sanctionner à tout prix Hollande et sa bande pouvait se traduire par de grands dangers... que cette punition pouvait se retourner contre ses auteurs… que l’arroseur, en l’occurrence les « punisseurs » risquait finalement d’être arrosé. Hollande s’est lui-même désisté, son parti n’a pas résisté. J’avais enfin alerté sur la nécessité de ne pas placer tous les œufs dans le même panier… à l’Assemblée. Bilan : l’élection de députés serviles ou dépassés qui voteront tout sans sourciller.
Face aux dérives récurrentes du monde politique, les français avaient décidé de donner un grand coup de pied dans la fourmilière, oubliant au passage que les fourmis, c’est eux. Depuis, la tornade Macron a tout dévasté. La Droite est en lambeaux, les Socialos sont morribonds… Même le clan Le Pen est ébranlé. L’insoumis Mélenchon gesticule. Mais ce « Georges Marchais intelligent », par ces outrances, peine à convaincre.
Le monde syndical, lui, n’échappe pas à la règle. Il vit, lui aussi, son « inversion de la hiérarchie des normes ». Pas celle du Code du Travail, mais celle des valeurs. La CGT, elle, reste fidèle à ses convictions et à la lutte qui a fait ses beaux jours. Mais ses abus répétés de position dominante ont agacé d’autres syndicats, qui refusent désormais de suivre sans concerter. La CFDT, à l’image de la chanson du Dutronc, « tourne sa veste du bon côté ». Mais le syndicat semble pour une fois déboussolé face à l'ampleur des attaques menées contre les salariés. Son représentant affiche sa colère, mais pas trop : les ordonnances, c’est pas bon… Les manifestations non-plus. Et de toute façon pas avec la CGT...
FO, sur tous les fronts contre la précédente loi travail, semble avoir mis de l’eau dans son vin, malgré les risques encore plus importants que font porter les nouveaux textes. L’on peut comprendre Mailly, leur secrétaire général, lorsqu’il explique avoir obtenu plus par ses échanges avec le Gouvernement que par des appels à manifester. Peut-être a-t-il raison, surtout face à un Medef omniprésent. Sauf que sur le terrain, la théorie du « moins pire » peine parfois à convaincre. Les reculs sociaux, fussent-ils édulcorés, sont bien réels. D'où grogne et parfois incompréhension.
Des débats se font jour dans les syndicats, entre la tête et la base. Le monde politique n'y échappe pas. Jadis, les choses étaient plus simples : il y avait une Droite, une Gauche, des extrêmes, des syndicats « révolutionnaires » et des « syndicats « réformistes ». Tout cela était clairement estampillé. Aujourd’hui, de l'élection de Macron il reste un paysage politique atomisé, des syndicats souvent déboussolés, une unité brisée, une France fracturée… Ah oui, les français ont voulu sanctionner… Leur attentes ont été largement dépassées !
Cette situation, si elle peut momentanément satisfaire le Pouvoir en place, pourrait à terme se révéler très dangereuse. Pas seulement pour des salariés confrontés à l’érosion de leurs acquis, mais pour tous les citoyens de ce pays. La stabilité d’un Etat repose en partie sur un équilibre des forces. Qui dit Majorité dit Opposition. Qui dit patron dit syndicat… L’existence des uns est liée à l’existence des autres. A défaut, c’est le système lui-même qui risque de s’effondrer pour donner naissance à autre chose, ou au chaos.
L’individu est lui-même la cause et la victime de ces profonds bouleversements. Ses représentants sont issus de votes parfaitement démocratiques, fondés en principe sur une adhésion à un programme électoral public. Celui de Macron était clair, comme celui de Sarkozy d’ailleurs. Les français ont délibérément choisi d’envoyer deux candidats au second tour des dernières présidentielles, avec un risque évident lié à leurs personnalités respectives. Au premier tour, les jeux étaient donc faits. Attila est sorti des urnes. L’herbe repoussera bien un jour, mais la désolation, c’est maintenant.