Bénéfice de 2,2 milliards : comme EDF, la SNCF finance sa concurrence…

Publié le par Bernard Aubin

Un bénéfice socialement embarrassant, de l’aveu même de la Direction SNCF, comme de celui de de nombreux observateurs externes. Cette performance est à mettre en regard avec les 8 années sans augmentations générales de salaires des cheminots, suivies de deux autres qui plafonnent à celles-ci 2 % annuels en moyenne.

Lorsque les salariés avancent que ces performances sont en grande partie le résultat de leurs efforts, ils n’ont pas tort. Les effectifs diminuent année après année, leurs acquis sociaux se réduisent de réforme en réforme, au point que la SNCF peine à recruter. Pendant ce temps, les exigences professionnelles augmentent, les conditions de travail sont considérablement dégradées. Le personnel (pardon, les Ressources Humaines), est désormais « managé » à l’américaine. Toujours plus de pression et moins de considération: il faut vivre avec son temps !

La Société Anonyme  SNCF Voyageurs contrainte de financer l'outil de travail de la concurrence

Depuis 2020, les 3 anciens Établissement Public Industriels et Commerciaux se sont mutés en 5 sociétés anonymes : SNCF (la société mère), SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions, Rail Logistics Europe et SNCF Voyageurs. Des structures créées en vue de faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs  sur le réseau ferré français, et soumises de par ce nouveau statut à des exigences supplémentaires en termes d’équilibrage des comptes. Mais pas que.

En 2014, une précédente réforme imposait déjà à SNCF Réseau de s’autofinancer, grâce entre autres aux recettes dégagées par la vente des sillons (droits d’accès au réseau facturés aux opérateurs ferroviaires), mais aussi grâce à une ponction de 40 % des bénéfices de SNCF Voyageurs. Une posture contradictoire, dans la mesure où le principe de vases communicants entre activités est interdit, dans d'autres cas, par les règles européennes. La participation a été portée à 60 % en 2018 dans le cadre du "Nouveau Pacte Ferroviaire".

Que le train paie ses infrastructures, quoi de plus normal, a priori ? Mais que SNCF Voyageurs, devenu Société Anonyme comme ses concurrents, soit contrainte de participer seule au financement du rail, un outil de travail dont profitent d'autres opérateurs de plus en plus nombreux, ce n'est pas équitable. 

Après tout, est-ce plus choquant que les 8,34 milliards réclamés à EDF par l’Etat pour combler le manque à gagner de ses concurrents ? A votre avis, qui au final, paie toujours l’addition des privatisations ? Quant aux chantres de la concurrence non-faussée, face à ce genre de situation, leur silence est assourdissant !

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