SNCF : la prime de discorde

Publié le par Bernard Aubin

 

Les anciens cheminots pourront témoigner de l’évolution du dialogue social dans l’Entreprise tout au long de leur carrière. En cette période de fin de conflit, ils ont pu constater le virage à 180 degrés opéré par leur direction au fil du temps.

A l’issue du conflit de 95, la direction de l’époque, guidée par le bon sens, avait misé sur la réconciliation. Réconciliation entre cheminots grévistes ou non, entre salariés et encadrement, entre le personnel et le Gouvernement. Le maître-mot était compréhension. Tout cela pour repartir rapidement sur des bases saines dans un climat apaisé.

Vinrent les années Sarkozy et la réforme du régime spécial de retraite des cheminots. A cette époque, la compréhension n’était déjà plus de mise. La plus grande fermeté avait été exigée à l’encontre des grévistes et aucune phase de réconciliation n’avait été entrevue ni lancée.

Les années Hollande n’ont guère infléchi la tendance. Au contraire. La Direction SNCF a renforcé les sanctions contre certains grévistes ou leaders syndicaux. Avec le temps, la compréhension a cédé la place au rapport de force entre le personnel, sa direction, et les Gouvernements successifs.

Cerise sur le gâteau avec l’arrivée de Macron au pouvoir. Cette fois, Gouvernement et direction SNCF se lance dans une démarche proactive antigrève. Non seulement il n’est plus question, en fin de conflit, de réconcilier qui que ce soit mais au contraire, les mesures prises visent à accentuer les divisions au sein du personnel, avec toutes les répercussions que de telles initiatives ne manqueront pas d’avoir sur le climat social et les performances d’une entreprise déjà sinistrée par la grève.

De même que le Gouvernement creuse, à travers la politique qu'il mène les inégalités les inégalités entre riches des pauvres, il étend et essaime ce principe de division dans les entreprises publiques : diviser pour mieux régner… quitte à cultiver la démotivation, la crise de confiance et peut--être au final le chaos.

La prime aux non-grévistes ne constitue pas une nouveauté en soi. Elle s’inscrit dans la politique de fermeté déclinée crescendo à la SNCF depuis des lustres. En revanche, ce sont les circonstances, l’assiette et la stratégie sur laquelle l’initiative se fonde qui la rende particulièrement scandaleuse. Une véritable honte !

 

Les ex-grévistes ont-ils été invités ?

 

 

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