SNCF : avec Farandou, tout est négociable… sauf l’essentiel

Publié le par Bernard Aubin

 

2018 : le Gouvernement lance la réforme de la SNCF. Surprise, ce projet ne figurait pas dans le programme du candidat Macron, mais chacun aura bien compris qu’il s’agissait là, plus pour lui, de démontrer ses capacités à remporter un challenge personnel qu’à offrir une issus positive au rail français (les véritables enjeux de la réforme de la SNCF : ICI). Le Président de la République inaugurait là une méthode inédite : je réfléchis, je décide, le mets en œuvre, j’entoure tout cela d’un simulacre de concertation qui se limite à la longueur de la corde avec laquelle j’inviterai les personnels à se pendre. Et s’ils rechignent à se prêter au jeu, je dénoncerai leur incapacité à évoluer et leur refus de négocier. Si cette méthode porte ses fruits, je l’élargis à tout le pays. Au passage, je détourne l’attention des vrais problèmes, je délègue à mes sbires le rôle de jouer les gros bras, et de manier la provocation à l'envi. Ça passe ou ça casse. Avec les Gilets Jaunes, ça a failli casser pour de bon. Avant leurs manifestations, le Gouvernement avait appliqué aux français la méthode qui avait un temps fait succès à la SNCF. Mais à force de tirer sur la corde, elle avait fini par casser.

 

Retour à la SNCF, avec l’arrivée d’un nouveau président. Un peu d’histoire.  Pour s’assurer une stabilité sociale, Louis Gallois avait mis en œuvre la « co-gestion ». Un système tordu mais relativement efficace. Simple : « je cultive les bonnes relations le syndicat majoritaire. Si je souhaite passer une réforme, il déclenchera une grève, si possible pas trop longue. Ensuite je mets en œuvre » (exemple : un seul jour de grève contre le plan qui a démantelé Fret SNCF). Chacun s’y retrouve. Changement de braquet avec Guillaume Pepy. Cette fois, plus question de s’acoquiner avec qui que ce soit, c’est « la négociation doit rapporter plus que la grève ». Approche tordue, elle aussi, parce que sous Pepy, ni la négociation, ni la grève ne rapportait plus rien. Ajouté à la réforme de 2018, cet environnement social a consacré le divorce entre la Direction SNCF et son personnel.

 

Alors que le feu couve sous les cendres, le tout nouveau Président affiche sa volonté de relancer le dialogue social. Mais que peut-il négocier au juste dans un contexte aussi contraint ? Même animé de la meilleure volonté, très peu : il ne remettra pas en cause la réforme de la SNCF, pas plus que les nouveaux objectifs de productivités qu’il souhaite encore augmenter. Alors, il adopte une nouvelle approche : exclure du champ des négociations ce qu’il affiche comme hors de ses compétences. Entre autres, l’avenir du régime spécial des retraites des agents au Statut. Un nouvelle marque de fabrique que l’on pourrait qualifier de « c’est pas moi c’est l’autre ! ».

 

Marchera, marchera pas ? Résultat le 5 décembre. En cas d’échec, il ne restera plus qu’à déposer des cahiers de doléances devant les piquets de grève, organiser des réunions nationales de concertation… avec qui ?

Et pourquoi pas accompagner le Président de la République dans un nouveau tour du monde, histoire de s’éloigner du brasier ?

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article