Réseau SNCF dégradé ? Tout le monde le sait !

Publié le par Bernard Aubin

 

 
Citant un rapport confidentiel de l'EPSF, organisme notamment en charge de la surveillance de la sécurité des circulations ferroviaires, le journal Le Parisien révèle un certain nombre de carences dans la maintenance du réseau ferroviaire français....
 
A ce sujet, il est bon de rappeler que :
 
1) Le vieillissement du réseau classique français est connu de longue date. En 2005, le Président de la SNCF de l'époque avait déjà commandité un rapport EXTERNE sur le sujet (Rapport Rivier) qui pointait l'état alarmant du réseau classique. Un second rapport, toujours rédigé par l'Université Polytechnique de Lausanne, soulignait en 2012 les progrès effectués tout en constatant que les efforts restaient insuffisants.
 
2) Après les accidents de Brétigny et de Denguin, la SNCF et l'Etat ont effectivement investi dans la remise à niveau du réseau, à laquelle plus de 3 milliards d'euros annuels sont désormais consacrés, MAIS le RETARD est tel que quelles que soient les sommes investies, de nombreuses années seront nécessaires pour le combler. En clair, si le vieillissement du réseau est désormais ralenti, sa remise à niveau globale n'est pas pour demain !
 
3) Pour des raisons financières, la SNCF a délibérément préféré la maintenance curative à la maintenance préventive. Elle en paie aujourd'hui le prix, notamment en terme de régularité, avec la multiplication des incidents dus au réseau et au matériel roulant.
 
4) L'état du réseau justifierait des embauches massives de cheminots à la maintenance des voies, or la SNCF supprime près de 2000 postes par an depuis des années. En cela, elle aime afficher son goût pour les paradoxes et les incantations. Les miracles existent peut-être, mais l'on en connait pas (encore) dans le domaine ferroviaire.
 
Et il faut ajouter que :
 
1) Comme dans d'autres entreprises, le culte de l' "efficience" a pris le pas sur la recherche de la qualité totale (et donc de la régularité des trains), beaucoup plus onéreuse. Jadis, il fallait que tout fonctionne pour le mieux pour que les trains soient à l'heure et circulent en totale sécurité. Aujourd'hui, c'est débrouillez vous au mieux avec les moyens que l'on vous donne, faites bonne figure, et parfois serrez les fesses.
 
2) La transmission du savoir et de la culture ferroviaire n'est plus assurée entre générations de cheminots. Et ce qui était inconcevable hier devient possible aujourd'hui, pour le meilleur et pour le pire.
 
3) La SNCF et l'Etat ne doivent pas perdre de vue que l'un des fondamentaux du transport ferroviaire est la sécurité des circulations. Celle-ci a un coût et nécessite des moyens notamment humains.
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